Ethiopie : les femmes à la source de la reforestation Le récit de Marie, gagnante du concours "Devenez grand reporter"

Marie est la gagnante du concours "Devenez grand reporter pour le JournalDesFemmes.com" avec la Fondation Yves Rocher. Moments forts, enseignement, impressions... Elle nous raconte comment elle a vécu ces 5 jours en Ethiopie dans les pas de la Fondation Green Ethiopia.

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marie pendant la procession à aksoum.
Marie pendant la procession à Aksoum. © Mélanie Giraud, JournalDesFemmes.com

"Difficile de trouver les mots justes après un tel voyage. Difficile de revenir à un monde où l'on ne manque de presque rien alors qu'ils manquaient de tout... C'était ma première expérience en Afrique et la première fois que j'étais confrontée à un pays aussi pauvre.

Les cinq jours sont passés vite mais je garde de très beaux souvenirs de nos différentes rencontres. Par exemple, celle avec les femmes travaillant dans une des pépinières de la fondation Green Ethiopia m'a beaucoup marquée. Certaines avaient mon âge et en paraissaient le double. Nous avons pu les observer, discuter avec elles. L'appareil photo a été un formidable outil de communication et d'échange entre nous (en plus du traducteur Kitou). Je regrette de ne pas avoir pris de Polaroid pour leur donner ensuite les images sur le moment. Elles étaient belles, souriantes et courageuses.

"L'appareil photo a été un formidable outil de communication et d'échange"

marie entourée d'enfants dans la vallée du tigré.
Marie entourée d'enfants dans la vallée du Tigré. © Mélanie Giraud

Les différentes rencontres avec les enfants aussi m'ont beaucoup touchée. Tous ne vont pas à l'école mais ceux qui s'y rendent parlent étonnamment bien anglais. J'ai beaucoup aimé l'échange que j'ai pu avoir avec ces petits en leur montrant quelques photos de là où j'habite, en leur montrant les vidéos et les photos que j'avais prises d'eux. Ils m'ont montré leurs cahiers d'école. Les langues se délient, de beaux sourires apparaissent, ils vous regardent avec insistance et étonnement.

Un autre moment incroyable a été la procession de milliers d'Ethiopiens la nuit jusqu'au lever du jour à Aksum. Ces chants, ces lumières, ces odeurs, toutes ces silhouettes blanches se faufilant dans les rues sombres d'Aksum, ce fut une atmosphère incroyable... comme dans un rêve...

marie avec une petite fille.
Marie avec une petite fille. © Mélanie Giraud, JournalDesFemmes.com

Lorsque nous avons survolé la zone d'Addis Abbeba jusqu'à Aksum, j'ai pu observer toutes ces zones arides, déforestées. L'action de Green Ethiopia n'est qu'une goutte d'eau face à l'immensité du problème, mais je suis convaincue qu'elle est nécessaire et utile localement. En recoupant certaines informations glanées sur Internet et en écoutant les différents intervenants comme le professeur biologiste Dr. Legesse Negash de l'Université d'Addis Abeba ou M. Haile Tilahun, directeur de l'Office of Agriculture and rural development de la Woreda Adwa, on se rend compte que l'Ethiopie subit une déforestation préoccupante, pour ses populations mais aussi pour la biodiversité et l'avenir de ses terres. Et comment expliquer à ces personnes de ne pas couper d'arbres alors qu'ils manquent de tout et doivent nourrir leur famille ?

Grâce à Green Ethiopia, nous avons pu voir concrètement les effets bénéfiques de ces reboisements sur différents sites en collaboration avec les populations locales. Les actions de Green Ethiopia permettent de montrer l'exemple de ce qui marche et marche moins bien sur le terrain. Plantations d'espèces endémiques sur les collines, préparation de terrasses, trous et tranchées pour retenir l'eau, plantations près des villages et dans les champs selon les besoins des locaux, construction de barrages permettant de reverdir et de faire pousser des arbres fruitiers, des légumes et des céréales dans les champs aux alentours... Toutes ces actions me semblent utiles, mais aussi assez bien comprises, acceptées et dupliquées par les populations locales grâce au travail de sensibilisation effectué sur le terrain.

Cette expérience m'a confortée dans l'idée de faire des reportages sur ces thématiques : déforestation/reforestation, techniques agricoles alternatives (comme l'agroforesterie, la permaculture...) qui existent déjà ou qui pourraient être mises en place en Ethiopie et dans d'autres endroits du monde ! Pourquoi ne pas faire un webdocumentaire à terme en compilant toutes ces expériences « terrains » pour permettre des partenariats et échanges d'informations ?

Je ne remercierai jamais assez Mélanie du JournalDesFemmes.com ainsi que Jacques, Anne, Caroline, Isabelle de la fondation Yves Rocher, pour m'avoir permis de découvrir ce programme en Ethiopie. Je tiens également à remercier chaleureusement nos hôtes Kurt, Irène, Simon et Ljerka Pfister de la fondation Green Ethiopia pour leur accueil, leur gentillesse et leur patience. Ils nous ont montré leur travail sur le terrain avec enthousiasme et ont répondu à nos nombreuses questions. Je n'oublie pas non plus le reste de l'équipe présente avec nous : Stéphane, Marina, Mairead, Alice, Nadjet, Patrick et Jean-Philippe sans qui cette expérience n'aurait pas été ce qu'elle a été."

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