Cuisine de l'Elysée : dîner avec le président de la République, c'est possible ! "Cuisine de l'Elysée, c'était le livre de l'impossible"

Auteur du beau livre "Cuisine de l'Elysée" et journaliste gastronomique, Véronique André revient sur la genèse de l'ouvrage et nous livre quelques anecdotes croustillantes. Interview.

Comment êtes-vous parvenue à pénétrer dans le sacro-saint palais de l'Élysée ?
Véronique André : Ce n'était pas une mince affaire que de rentrer à l'Elysée, car il s'agit en effet d'un univers très fermé.  Vous êtes suivie lorsque vous déambulez dans les couloirs... La négociation a été âpre avec un conseiller de l'ancien président [Nicolas Sarkozy, NDLR].  J'ai de la chance : son conseiller est un bon vivant et à force de l'emmener au restaurant pour discuter de tout cela, il a fini par céder [rires] ! Pour avoir l'accord de l'Elysée, je me suis engagée à ne pas traiter de politique dans mon livre.  Je n'y parle que de la gourmandise et de l'évolution de la cuisine de Pompidou jusqu'à François Hollande. Vous ne verrez aucune photo des présidents dans ce livre. 

"Ce livre ne traite pas de politique"

Comment s'est passée la rencontre avec le chef cuisiner de l'Elysée ?
V. A. : J'ai rencontré Bernard Vaussion à l'occasion d'une remise de légion d'honneur. Je trouvais que travailler avec ce chef qui a traversé plusieurs présidences était intéressant, notamment pour souligner l'évolution de la cuisine du Palais. Bernard Vaussion va fêter l'an prochain ses 40 ans de maison. Il a commencé comme commis sous Georges Pompidou ! C'est un chef très discret, qui n'aime pas s'exposer. Il n'accorde jamais d'interview.

"Les repas d'État ont été reproduits à l'identique"

Pourquoi vous êtes-vous centrée sur les repas d'Etat et non sur la cuisine du quotidien à l'Elysée ?
V. A. : La cuisine du quotidien n'est pas intéressante. Ce qui l'est, pour le lecteur, c'est de pouvoir découvrir des recettes de dîners d'Etats, toujours très festifs. Dans le livre, on retrouve par exemple l'exacte réplique du déjeuner avec la Reine d'Angleterre sous Pompidou. Cela fait plus rêver. L'Elysée propose les plus beaux produits français lors de ces occasions : la poularde de Bresse, le canard de Chaland... Dans la Cuisine de l'Elysée, je voulais également mettre en avant le personnel de table et de salle de la Maison de France, présents pour certains depuis 30-40 ans, comme la lingère et l'argentier. Ce sont eux qui portent le savoir-faire français présidence après présidence. Les présidents passent, eux restent !

Comment avez-vous choisi les menus mis en avant ?
VA : C'était assez difficile car les menus comportaient souvent des produits chers comme du homard de Bretagne, du foie gras des Landes... Il a fallu trancher, pour que les lecteurs puissent refaire à la maison plusieurs recettes sans difficulté majeure.  Ensuite, il y avait certaines personnalités politiques invitées à l'époque qui sont devenues persona non grata  par la suite. Ces dîners n'auraient pas fait rêver le lecteur. On rêve plus de déjeuners avec la Reine des Pays-Bas, Indira Gandhi sous Mitterrand ou encore Nelson Mandela.

"Le livre ne traite pas de politique"

Le livre ne se veut pas politique mais sort tout de même l'année de la présidentielle...
V. A. : En réalité, il devait sortir avant la fin du mandat de Monsieur Sarkozy, car j'avais les autorisations pour le pulier à cette période-là.  Le livre a été fini à la fin du mois de mai, mais je savais qu'il ne sortirait que pour Noël, car Bernard Vaussion et moi estimions qu'il fallait également parler du président actuel, François Hollande. On a donc attendu un peu pour le bouclage.