Coup de coeur : Niki de Saint Phalle, une super "Nana" au Grand Palais

Niki de Saint Phalle, l'artiste franco-américaine aux deux visages connue pour ses célèbres " Nanas ", est mise à l'honneur avec une exposition qui lui est consacrée au Grand Palais. Le Journal des Femmes a plongé pour vous dans un univers coloré et surprenant.

"Très tôt je décidai de devenir une héroïne. Qui serai-je ? George Sand ? Jeanne d'Arc ? Napoléon en Jupons ?". Très tôt, Niki de Saint Phalle a ressenti le besoin de s'exprimer. S'exprimer pour qui ? Pour elle d'abord, mais aussi et surtout pour les femmes. S'exprimer pour quoi ? Pour exorciser ses démons d'abord, mais aussi et surtout pour adresser un message aux femmes et à la société en général.
À la fois peintre, assemblagiste, sculpteure, graveuse, performeuse et cinéaste expérimentale, Niki de Saint Phalle est née en France, où elle passera une grande partie de sa vie mais est élevée aux Etats-Unis : elle ne cessera de voyager entre ses deux pays d'origine et de s'inspirer de leur différent folklore pour réaliser ses travaux.
Tout au long de sa brillante carrière d'artiste, Niki de Saint Phalle mêle violence au jeu, chaos et joie de vivre. Car si nous la connaissons surtout pour ses œuvres joyeuses et colorées, nous oublions souvent toute la violence et l'engagement qui l'habitaient.

Niki de Saint Phalle peint et dépeint la femme sous toutes ses coutures, une femme qu'elle juge trop souvent opprimée par la société, une femme qu'elle veut décomplexée, scandaleuse, provocatrice. Inspirée par Simone de Beauvoir et son "Deuxième Sexe", elle décide très tôt de "devenir une héroïne" en s'interrogeant sur le rôle de la femme dans la société, mais surtout en inventant un nouveau.
À travers les murs du Grand palais, la fameuse "Hon" (qu'elle décrit comme "la plus grand putain du monde") rencontre une mariée morte, les célèbres "Nanas" (femmes modernes qui détiennent le pouvoir par leur grandeur, leur force, leur joie de vivre et dont les corps expriment une féminité sans retenue) ou encore les "mères dévorantes ". Aussi étonnant que détonnant.
Femme atypique qui se décrit elle-même comme "obsédée par la création", femme capable de créer de l'art avec des crânes d'animaux, des cuillères, des pots de peinture et sa carabine, Niki de Saint Phalle se sert de l'art comme d'une arme.
L'art comme exorcisme contre un père incestueux (il l'a violée lorsqu'elle avait 11 ans), l'art comme expression de la condition féminine, l'art comme engagement social et politique, l'art comme moyen de mêler rêves et cauchemars mais plus que tout, l'art comme exutoire.
Niki de Saint Phalle nous a quittés il y a douze ans: cette rétrospective lui rend un magnifique hommage.
Courrez au Grand Palais et découvrez toute la complexité de cette super nana. C'est promis, vous ne vous ennuierez pas une seconde.
Mention spéciale pour  le " Mur de la rage ", la  collection de sérigraphies et bien sûr, les fameuses " Nanas ".

Exposition Niki de Saint Phalle
Au Grand Palais
Du 17 septembre 2014 au 2 février 2015
Tous les jours sauf le mardi de 10h à 22h. Fermeture à 20h les dimanches et lundis.
Tarifs : 13 euros (9 euros tarif réduit)

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Niki lors d'une interview : " Vous pensez que les femmes devraient seulement peindre des bouquets de fleurs ? " © Hélène Lisle
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Une "Nana" © Hélène Lisle
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"La mariée (or Miss Haversmam's dream or when you love somebody)" © Hélène Lisle
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"Skull" © Hélène Lisle