Annie Leibovitz, du glamour au "contemplatif"

Loin de ses clichés hollywoodiens pour Vogue ou Vanity Fair, Annie Leibovitz, 62 ans, expose un travail photo personnel au Musée d'art américain de Washington.

Elle a mitraillé les stars (John Lennon juste avant son assassinat, Demi Moore nue et enceinte, Arnold Schwarzenegger à cheval fumant le cigare, Sa Majesté la reine Elizabeth II ou Whoopi Goldberg dans son bain, c'est elle) avant de se retrouver criblée de dettes... Photographe vedette, mais désargentée, Annie Leibovitz revient dans la lumière, sous un nouveau jour.


La célèbre portraitiste "people" a présenté mardi à Washington sa dernière exposition de photographies, une quête des lieux célèbres d'Amérique et d'Angleterre, un voyage personnel à la recherche de son héritage culturel, un parcours intime sur les traces des personnes qui l'ont inspirée. 

Un autre genre

Les images prises avec un appareil numérique entre avril 2009 et mai 2011, évoquent aussi bien la peintre Georgia O'Keefe, la pionnière anglaise de la photographie Julia Margaret Cameron ou le parc national de Yellowstone dans le Wyoming.
L'artiste raconte dans le livre associé à l'exposition ("Pilgrimage", Random House New York) comment le projet a démarré lors d'une visite des chutes du Niagara avec ses trois filles, pré-adolescentes. "Dès le départ, quand j'ai vu mes enfants totalement hypnotisées par la vue des chutes, le projet est devenu un exercice de renouveau. Il m'a appris à voir de nouveau", écrit-elle.
 

Un chemin, des épreuves

En démarrant dans la maison de la poétesse Emily Dickinson (Massachusetts), Annie Leibovitz a tiré une sorte de fil d'Ariane qui l'a conduite, au Nouveau-Mexique ou à Londres, dans le salon du psychanalyste Sigmund Freud.
"Elle s'est par exemple intéressée au sculpteur Daniel Chester French, qui a réalisé la statue de Lincoln pour le mémorial du président assassiné à Washington, cela l'a conduite dans l'Illinois, où il y a un musée Lincoln, puis de fil en aiguille à Gettysburg", lieu d'une célèbre bataille de la Guerre de Sécession, explique le commissaire de l'exposition Andy Grundberg. Elle a photographié "ces personnages historiques en utilisant divers moyens pour évoquer leur présence; des natures mortes, des paysages...", dit-il. Les flots de la rivière Ouse évoquent ainsi le suicide par noyade de l'écrivaine anglaise Virginia Woolf et une Harley-Davidson rappelle Elvis Presley dans sa demeure de Graceland.


"Annie Leibovitz présente sa nouvelle exposition"

Un pèlerinage qui annonce une renaissance

Commentant les ennuis financiers qui l'avaient amenée au bord de la faillite en 2009, la photographe a indiqué qu'elle "pensait qu'il suffisait de prendre beaucoup de photos et que tout est réglé. Ce n'est pas vrai. Il faut faire attention à son entreprise. J'ai évolué et je suis très bien conseillée. Je suis de retour pour ainsi dire", a-t-elle déclaré à la presse.