Le Niger fait campagne contre la mortalité maternelle

Au Niger, de nombreuses femmes enceintes décèdent pendant leur maternité ou le jour de l'accouchement : un fléau que les organisations humanitaires et le gouvernement tentent de combattre.

"Mourir en donnant la vie est une injustice sociale !", a clamé la femme du président nigérien, Malika Issoufou. Le gouvernement lance une nouvelle campagne pour lutter contre la mortalité maternelle. Début juin, 3 000 personnes, dont beaucoup de femmes, ont manifesté pour la réduction de ce fléau. De nombreuses organisations cherchent aussi à résoudre ce problème, lié à la culture, aux soucis sanitaires et à la religion du pays.
Car encore aujourd'hui, le Niger perd une femme toutes les 186 naissances. Pour 100 000 mises au monde il y a 535 décès. Les dégâts causés par la mortalité maternelle sont d'autant plus graves dans une population aussi procréatrice : le taux de natalité est l'un des plus élevés au monde avec plus de 7 enfants par femme en moyenne.
Plusieurs raisons sont à prendre en compte dans ce fléau. D'abord, 40 % des jeunes filles sont mariées avant 15 ans. "A cet âge, l'organisme est fragile et pas mûr pour la maternité", a justifié l'un des médecins de la campagne, Yahaya Mani. Une raison culturelle vient s'y ajouter : "Les parents connaissent les risques. Mais ils préfèrent marier leurs filles précocement plutôt que de risquer d'avoir une fille enceinte au mariage. Le déshonneur serait trop fort", a expliqué Monique Clesca, représentante du Fonds de l'ONU pour la population au Niger. Le problème sanitaire en reste néanmoins le principal facteur. "A ces particularités socio-culturelles se greffe un manque de structures de soins, surtout en milieu rural. Les naissances se font donc à 70% à domicile, pratiquées par des accoucheuses traditionnelles", a souligné Gali Asma, une responsable du ministère de la Santé.
Depuis 2006, le gouvernement nigérien met du cœur à l'ouvrage. La gratuité des soins à été décrétée pour les femmes enceintes et les accouchements par césarienne. La contraception s'est aussi démocratisée : gratuite, son utilisation a été augmentée de 5 à 12 % depuis près de 8 ans. Le combat continue.

niger femme enceinte
Au Niger, de nombreuses femmes enceintes décèdent pendant ou après leur maternité : un fléau que les organisations humanitaires et le gouvernement tentent de combattre.  © Fotolia