Nathalie Goulet ne sera pas présidente du Sénat
Seule femme à s'être présentée à la présidence du Sénat, Nathalie Goulet s'est désistée. Le parti centriste lui a préféré son président François Zocchetto.
"Je suis exactement à l'opposé du portrait-robot du prochain président du Sénat". C'est ainsi que Nathalie Goulet se décrit dans sa lettre de candidature au "plateau". La sénatrice centriste de l'Orne n'a pas tort : une femme, non cumularde et non encartée. Une image bien éloignée de celle que l'on se fait d'un sénateur.
Nathalie Goulet, qui traitait les membres du Sénat de "papis misogynes", n'a pas convaincu les quarante sénateurs centristes. Sur Twitter, elle explique : "Je me désiste pour François Zocchetto à la candidature à la présidence par solidarité vis-à-vis de l'UDI-UC face à l'UMP". Elle qui prône la modernisation des mœurs dans une institution marquée par l'absence de femmes (87 sénatrices pour 348 sièges) s'est retrouvée bloquée par ses confrères.
À 56 ans, Nathalie Goulet, est une combattante. Avocate de formation, elle est rentrée par amour en politique en partageant la vie du précédent sénateur de l'Orne, Daniel Goulet. En tant que suppléante, elle lui succède au Sénat en 2007. Les deux filles de Daniel Goulet accusent alors implicitement Nathalie Goulet d'assassinat, supposant qu'elle convoite la place de son mari. L'autopsie révèle que Daniel Goulet a été victime d'un AVC, l'affaire se conclut par un non-lieu.
"J'ai, depuis 2007, largement démontré par mon travail au Sénat (...) que je n'avais pas usurpé le siège que j'occupe", raconte la sénatrice qui n'a pas la langue dans sa poche. Mais les mots se joignent aussi aux actes. Celle qui déclare être "reconnue comme étant l'un des Sénateurs les plus actifs en séance publique" a aussi été la première à rendre publique sa déclaration de patrimoine sur son site officiel, selon les lois pour la transparence de la vie publique auxquelles se soumettent les parlementaires (déclarations consultables généralement en préfecture).
On y apprend qu'elle possède un studio de 23m² à Paris, une maison dans l'Orne, 130 000 euros de bijoux et qu'elle roule en Renault Laguna. "Nous devons pratiquer l'exemplarité et la transparence, sans exhibitionnisme ni démagogie", écrit-elle afin de donner une meilleure image du Sénat.
Ce combat pour la transparence justement, elle l'a aussi porté en faisant pression sur l'actuel président du Sénat, Jean-Pierre Bel pour qu'il renvoie Sandra Thévenoud, la femme du secrétaire d'Etat Thomas Thévenoud, à la suite du retard de paiement du couple sur leurs impôts. "Mme Thévenoud marque la même irresponsabilité que son mari et devrait en tirer les conséquences", déclarait-elle dans un communiqué.
Nathalie Goulet était la deuxième femme candidate à la présidence du Sénat. Avant elle en 2011, Valérie Létard de l'UDI n'avait recueilli que vingt-neuf voix.
