Mariage forcé : 700 millions de femmes et 250 millions d'enfants concernés

Arrêter les mutilations génitales et les mariages précoces et forcés des jeunes filles dans le monde : tel est le cheval de bataille du Girl Summit 2014, organisé par l'Unicef, qui s'est ouvert à Londres.

"Chaque jour, près de 39 000 filles sont mariées de force, soit environ une fille toutes les deux secondes", a estimé l'ONG Care. Ce constat est accablant et tire la sonnette d'alarme. L'Unicef a répondu à l'appel avec l'organisation d'un sommet pour la condition des jeunes filles qui ne disposent pas de leur sexualité, à Londres, le 22 juillet. Cet événement, unique en son genre, a été coorganisé avec le Premier ministre britannique David Cameron.
Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, plus de 700 millions de femmes dans le monde ont été mariées alors qu'elles étaient enfants, d'après le Fonds des Nations unies pour l'enfance, et plus d'une sur trois n'avait pas 15 ans. Parce que 91% des femmes âgées de 15 à 49 ans en Egypte ont subi des mutilations génitales, c'est-à-dire une ablation totale ou partielle de leurs organes génitaux externes qui peuvent provoquer de graves hémorragies et des problèmes urinaires, et par la suite des kystes, des infections, la stérilité, des complications lors de l'accouchement. Avec, en prime, la perte du plaisir sexuel.
"Sans des actions immédiates, beaucoup plus intenses et soutenues de la part de tous les acteurs de la société, des centaines de millions de filles vont continuer à subir des blessures profondes, permanentes et tout à fait inutiles", a mis en garde l'organisation. Le chef du gouvernement britannique, toujours très engagé, a assuré : "Notre objectif est d'interdire les mutilations génitales et les mariages forcés partout et pour tout le monde". Ce papa de deux filles se sent particulièrement concerné et veut qu'elles "aient les mêmes opportunités" que son fils. Avec lui, une invitée plus que légitime est venue apporter son soutien au Girl Summit.  Malala Youzafsai, une jeune pakistanaise qui s'est battue des années au Pakistan, son pays natal, pour l'éducation des jeunes filles. Elle n'avait qu'une douzaine d'années quand les talibans ont essayé plusieurs fois de la tuer. Réfugiée en Angleterre, la jeune fille a pris la parole lors du sommet. "L'éducation est le meilleur moyen de lutter contre ces problèmes. Dans le monde, des millions de jeunes filles ont été mariées de force, certaines alors qu'elles n'avaient que huit ans. Près de la moirité des filles mariées précocement vivent en Asie du Sud." Et elle n'a pas tord. L'exemple d'Aichatou Mohamed, jeune réfugiée malienne au Niger, vient confirmer que la connaissance est la meilleure des armes. Elle fait partie d'un mouvement financé par l'Unicef qui sert à aider les jeunes filles à se scolariser et à ne pas se marier trop jeune. "Beaucoup de filles pensent que l'école ça ne sert à rien. Mais une fille qui est promise à quelqu'un peut se confier à ses professeurs et ainsi échapper à ce mariage. Au contraire, celle qui accepte de se marier ne dira rien", a-t-elle expliqué à l'AFP.
Les progrès dans les pays concernés ont rassuré les organisateurs qui se sont engagés à les soutenir et à accélérer leurs efforts pour mettre fin à ce fléau. D'autres organisations, comme Amnesty International, se battent chaque jour pour protéger les jeunes filles. 

girl summit 2014
Le sommet pour la protection des filles à travers le monde a été organisé à Londres par l'Unicef, mardi 22 juillet. © GOV.UK