Egypte : le viol devient viral

En Egypte, une jeune étudiante a été agressée sexuellement par un groupe d'hommes lors des célébrations pour l'investiture du président le 8 juin. La vidéo de l'agression, partagée sur la Toile, choque les internautes.

Dimanche 8 juin, une Egyptienne de 19 ans a été victime d'un viol collectif, en plein centre du Caire, incident qui a eu lieu lors des célébrations pour l'investiture du président Abdel Fattah al-Sissi place Tahrir.
La vidéo, qui semble avoir été filmée avec un téléphone portable, a été prise à la fin de l'agression et est devenue virale : on y voit la jeune étudiante totalement nue, couverte de sang et d'hématomes, escortée par des policiers et amenée jusqu'à une ambulance. Selon un responsable de la sécurité, les sept hommes arrêtés seraient soupçonnés d'être impliqués dans trois autres cas de violences sexuelles. 
L'association "I saw Harassment" ("J'ai été témoin d'une agression") a fait état de cinq cas d'agressions sexuelles ce jour-là place Tahrir, lieu emblématique de la révolution de 2011 qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir et où les Egyptiens se rassemblent pour manifester.
Une question se pose : faut-il la partager ou non une telle vidéo ? Si le principe de la liberté d'information condamne toute forme de censure, le respect de la personne peut conduire à s'abstenir de publier une photographie ou, dans le cas présent, une vidéo, même quand le droit le tolère, par simple décence.
Toutefois, ce "buzz" permet de mettre en lumière une atroce réalité, comme en témoigne "Tahrir Bodyguard", un groupe égyptien qui vise à lutter contre le harcèlement en permettant l'activation et le rôle des femmes dans la société : "Ce qui s'est passé le 8 juin 2014 place Tahrir (le viol) est similaire à ce qui a déjà pu arriver avant ici (...). Vous avez dorénavant un aperçu de ce dont nous pouvons être témoins et ce à quoi nous sommes confrontés". 
Selon une étude de l'ONU parue en 2013, les cas de violence et de harcèlement sexuel sont communs en Egypte où 99% des femmes affirment en avoir été victimes, qu'elles soient vêtues à "à l'occidentale" ou voilées. La même année, l'Egypte a été classée par la Thomson Reuters Foundation comme le pire pays pour les femmes parmi les des 22 états arabes. 

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Place Tahrir © Instagram