Ebola éradique les excisions

Au Sierra Leone, le virus Ebola continue sa progression et balaye sur son passage la pratique de la mutilation génitale chez les petites filles.

Au Sierra Leone, presque 90 % des femmes se font exciser. Mais cette mutilation du clitoris, considérée comme une tradition dans le pays, n'a quasiment plus lieu depuis que le virus aux 6 000 morts gangrène le peuple.
Al Jazeera a consacré un article à cette conséquence inattendue de l'épidémie. Selon le site de la chaîne qatarie, si aucun chiffre n'est avancé, les anti et les pro-excision sont formels : cette opération est maintenant très rare dans le pays. Depuis plusieurs mois, le gouvernement s'évertue à clamer aux soweis (les exciseuses) que l'ablation à laquelle elles procèdent peut encourager la propagation du virus. Il leur rappelle qu'il suffit que la fille coupée soit atteinte pour qu'elle les contamine et que les ustensiles mal lavés peuvent transmettre Ebola à plusieurs jeunes filles. La pratique est désormais punissable d'une amende de 115 dollars. Une somme conséquente dans ce pays où le revenu mensuel moyen s'élève à 48 dollars.
Le résultat est là : les associations en faveur de l'excision ont promis de ne plus mutiler les jeunes filles tant que le Sierra Leone sera en proie à cette redoutable épidémie. Les détracteurs de la pratique tentent, eux, de profiter de la situation pour que cette tradition culturelle humiliante et dangereuse soit abolie une bonne fois pour toutes. Ils misent par exemple sur les reconversions des soweis en coiffeuses ou couturières. Et espèrent que ces dernières cesseront les ablations génitales, non plus par peur, mais par choix.

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