#BeenRapedNeverReported: un hashtag pour libérer les victimes de viol

Avec le hashtag #BeenRapedNeverReported, qui a récemment vu le jour sur le réseau social Twitter, des victimes de viol racontent leur souffrance et expliquent les raisons pour lesquelles elles ont jusqu'alors gardé le silence. Le tout en 140 signes.

Sortir du silence. Voilà le but du nouveau hashtag #BeenRapedNeverReported (j'ai été violée et je ne l'ai jamais dit) qui (triste constatation) envahit Twitter.
Lancé fin octobre par deux journalistes canadiennes Antonia Zerbisias et Sue Montgomery, il a depuis été repris par des milliers de jeunes femmes.
À l'origine du phénomène, une discussion entre les deux amies : le 25 octobre 2014, Jian Ghomeshi, célèbre animateur radio de la station canadienne CBC est licencié après avoir été publiquement accusé de viol par trois femmes, dont l'actrice Lucy DeCoutere. L'homme de 47 ans, adepte des relations sadomasochistes, l'aurait notamment "étouffée" et "frappée" avant de la forcer à avoir un rapport sexuel. Contre toute attente, les femmes agressées ont par la suite été violemment incendiées sur les réseaux sociaux par les internautes, qui leur ont reproché d'avoir tardé à porter plainte (les faits remontent aux années 2000). Elles ont par ailleurs été accusées de vouloir soutirer de l'argent à l'animateur qui lui, nie tout en bloc.
Un cas de slut shaming intolérable pour Antonia Zerbisias et Sue Montgomery : "Moi, je savais très bien pourquoi elles avaient choisi de garder le silence", a expliqué Sue Montgomery à Madame Figaro. "Alors, j'ai contacté une consœur à Toronto via Facebook [la journaliste Antonia Zerbisias], en lui suggérant de créer une liste de toutes les femmes violées qui n'avaient jamais dénoncé leur agresseur. J'ai proposé de mettre mon nom en haut de cette liste. Elle a acquiescé, puis suggéré le hashtag". En moins de 24h, le hashtag se répand comme une traînée de poudre sur le réseau social, devient un "trending topic" et est même repris par certaines personnalités publiques, comme l'actrice Gabrielle Sunshine Miller ou Julie Miville-Dechêne, présidente du Conseil du statut de la femme du Québec.
"La première question que les policiers m'ont posée était "qu'est-ce que tu portais ?". J'avais dix ans", ou encore "C'était mon mari", peut-on lire à côté de ce tristement célèbre hashtag. Twitter, un moyen d'aider les femmes violer à se confier ?
Les raisons qui expliquent le silence de ces femmes sont nombreuses. En France, près de 83 000 femmes sont violées chaque année. Parmi elles, seulement 11% porterait plainte.

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Compte Twitter de Sue Montgomery © Capture d'écran