Sexisme en cuisine : un prix pour récompenser les "femmes de chef"

Une association gastronomique a lancé le prix Véronique Abadie, censé récompenser les "femmes de chefs" pour leur "discrétion et sérénité" derrière leur époux. Ou quand la misogynie est un plat qui se mange froid.

Sexisme en cuisine : un prix pour récompenser les "femmes de chef"
© Zhudifeng

Le torchon brûle entre l'univers gastronomique et les féministes. Pour la première fois, le prix Véronique Abadie sera remis à la "Femme de chef de l'année". Ce trophée tend à mettre à l'honneur les compagnes et épouses des chefs cuisiniers, qui "œuvrent auprès de leurs maris, dans leur maison avec discrétion et sérénité". Cinq candidates sont en lice pour ce titre, la grande gagnante sera désignée par les votes d'autres femmes de grands cuisiniers.

Comme le précise le site de Laurent Trochain, à l'initiative de cette "récompense", le prix est "là pour rendre à ces femmes ce qu'elles donnent chaque jour dans leur Maison". Il tire son nom de l'épouse décédée du chef Jean-Paul Abadie. Et s'attire depuis quelques jours différents noms d'oiseaux.

"Derrière chaque homme, oeuvre une femme avec sérénité et discrétion"

Si "derrière chaque homme, œuvre une femme avec sérénité et discrétion" (comme l'annonce le site), être une "femme de" n'est certainement pas un métier et devrait encore moins être récompensé, s'indigne l'association Women Do Wine sur sa page Facebook. Dans un message publié le 3 février, le collectif féminin s'adresse directement aux organisateurs : "Vous ne souhaitez pas récompenser ces femmes, mais leurs qualités de compagnes, d'épouses, de mères". Le texte dénonce ainsi une remise de prix "sexiste et venue d'un autre âge". Ces femmes restent au rang de faire-valoir, récompensées uniquement pour s'effacer derrière leurs maris, alors qu'elles ont toutes des années de carrière derrière elles, de la sommellerie à l'hôtellerie.

Face aux contestations sur ce prix culinaire controversé, Laurent Trochain a affirmé vouloir pérenniser l'événement et l'appeler simplement le prix Véronique Abadie,"qui a beaucoup apporté à notre profession". Mouais...