Les Français sont féministes, mais ils ne le savent pas

Dans une enquête d'OpinionWay pour TedxChampsElyséesWomen, les Français se disent pour l'égalité des sexes, mais pas forcément féministes... Vous avez dit paradoxal ? Mise au point.

Les Français sont féministes, mais ils ne le savent pas
© Claudia Mora - 123RF

Le grand méchant mot est lâché : féminisme. Avec une question : qu'en pensez-vous ? Voilà la colle posée par OpinionWay à 1002 français représentatifs de la population. Dans le cadre de cette grande enquête pour le compte des conférences TedxChampsElyséesWomen, l'institut a tenu à savoir comment le mouvement pour l'émancipation des femmes était perçu au pays des droits de l'Homme.

Alors que l'égalité des sexes est en sixième position des causes importantes aux yeux des Français, après la santé ou la paix dans le monde, seuls 47% se disent féministes. Chez les femmes, le chiffre atteint avec peine les 50%.
Pourtant, nos concitoyens sont 90% à se dire pour une meilleure répartition des rôles, des tâches ménagères aux postes à hautes responsabilités. Ils sont également plus de la moitié à admettre que le féminisme fait avancer les choses et 59% à reconnaître que c'est un sujet qui leur tient à cœur.

© OpinionWay pour TedxChampsElyséesWomen

Pour résumer, hommes et femmes s'inquiètent de l'égalité des sexes, veulent davantage d'uniformité dans la distribution des fonctions... mais ne sont pas féministes. Rappelons alors la définition de ce dernier, telle que donnée par le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales : "Le féminisme est un mouvement social qui a pour objet l'émancipation de la femme, l'extension de ses droits en vue d'égaliser son statut avec celui de l'homme, en particulier dans le domaine juridique, politique, économique." Une personne féministe est une personne en faveur de droits égaux peu importe le sexe. Le militantisme en est dissociable. Il n'est pas nécessaire de battre le pavé seins nus et poils aux pattes pour en être.

Revendiquer le droit à l'IVG (75% des Français sont d'ailleurs pour d'après l'Ifop), trouver normal qu'une femme gagne autant qu'un homme à poste égal, se répartir les tâches quotidiennes en fonction des emplois du temps et pas des "rôles prédéfinis" au sein du couple ou s'indigner quand on traite une fille de "salope" parce qu'elle porte un décolleté plongeant... c'est déjà être féministe.

Qu'est-ce qui cloche alors ?

Si les Français ne veulent pas se définir comme féministes, c'est que les mouvement liés à l'idéologie ne leur conviennent pas, toujours d'après OpinionWay. Ils sont ainsi 70% à ne pas approuver certains d'entre eux... et seulement 35% à trouver qu'ils donnent envie de rallier la cause. Ils sont aussi une grande majorité (70%) à penser que les médias y sont pour quelque chose dans la mauvaise image du féminisme.

Le véritable défi ne serait donc pas de vanter les mérites de l'égalité, mais de faire évoluer la réputation du mot qu'il-ne-faut-pas-prononcer ? Dans ce cas, les féministes revendiqués Emma Watson, Wonder Woman ou Ryan Gosling sont des alliés dans la lutte pour les droits des femmes. Et si vraiment le changement d'appellation est la seule solution pour que l'émancipation féminine soit enfin une priorité, on commence le brainstorming immédiatement.