Avortement : la Pologne renonce à une interdiction totale

Le Parlement polonais a finalement rejeté le projet de loi pour une interdiction totale de l'avortement. Une décision prise au lendemain de manifestations de grande ampleur à Varsovie.

Avortement : la Pologne renonce à une interdiction totale
© Chalermphon Kumchai - 123RF

[Mise à jour du 06/10/2016 à 14h42] Les femmes ont repris leurs droits en Pologne. Alors que le Parlement examinait une loi pour interdire totalement l'avortement, 100 000 "femmes en grève" ont battu le pavé à Varsovie lundi 3 octobre afin de protester. Leur engagement a finalement payé. Le lendemain, la Première ministre a déclaré que le gouvernement se désolidarisait de ce texte anti-IVG, Les parlementaires conservateurs ont finalement rejeté la proposition à 15 voix sur 31, une personne s'étant abstenue de voter.

On ne le répétera jamais assez : le droit à l'avortement n'est pas acquis. Alors qu'en France, la menace prend la forme d'un murmure des anti-IVG sur Internet, d'autres pays européens comptent porter grandement atteinte à cette liberté durement obtenue. C'est le cas de la Pologne, où le Parlement étudie depuis le 22 septembre 2016 une proposition de loi pour l'interdiction totale de l’interruption volontaire de grossesse. Seule dérogation possible : le danger immédiat de la vie de la mère. Si le texte est accepté ainsi, un recours à l'avortement en dehors de ce cas précis – peu importe si la grossesse est désirée, si c'est un accident ou s'il y a eu viol – pourrait se solder par cinq ans de prison pour la mère et le personnel médical impliqué. La décision finale reviendrait au juge. Déposée par le comité "Stop Avortement" avec un demi-million de signatures, la proposition est soumise au vote des députés polonais, majoritairement catholiques conservateurs.
L'examen de ce texte de loi effraie le Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes, qui "appelle à une réaction forte des dirigeant.e.s et autorités Européennes" dans un communiqué officiel. "Le HCE condamne avec la plus grande fermeté cette proposition de loi liberticide et réactionnaire, contraire aux droits humains et, au premier chef, aux droits des femmes", peut-on lire. Devant le parlement, des manifestants pro-choix s'opposent déjà fermement à cette loi.
Dans la loi actuelle votée en 1993, les Polonaises peuvent avoir recours à une IVG dans les 12 premières semaines de grossesse dans certaines conditions : si la vie ou la santé de la mère sont menacés, si elle est tombée enceinte après un viol ou une relation incestueuse et si l'embryon présente une maladie irrémédiable. C'est déjà l'une des lois les plus restrictives d'Europe.

"Pologne : adversaires et partisans de l'avortement s'affrontent au parlement"