Avortements clandestins au Brésil: une femme meurt tous les deux jours

Au Brésil, un arrêté du ministère de la santé visant à faciliter l’accès à l’avortement légal a été promulgué puis révoqué au bout d’une semaine. Cette mesure constituait une avancée considérable pour les femmes, dans ce pays où ce droit à disposer de son corps reste tabou.

Sept jours. C’est la durée d'application d’un arrêté promulgué par le ministère de la Santé au Brésil, ayant pour objectif de faciliter l’accès à l’avortement légal. Promulgué le 21 mai dernier, celui-ci stipulait que tous les hôpitaux publics brésiliens composés d’un  service de gynécologie devaient pouvoir proposer une interruption de grossesses  aux femmes qui le souhaitent et qui répondent aux conditions très strictes de l’avortement légal au Brésil. Il s’agissait de mettre en place un meilleur contrôle et une certaine réglementation de l’accueil des femmes concernées et de donner des moyens financiers et humains, nécessaires au bon déroulement de ces avortements.
Cet arrêté qui devait être une avancée considérable pour les femmes a été révoqué une semaine seulement après son édiction, le 28 mai, sous la pression de groupes parlementaires religieux. Pourtant, il n’impliquait pas de sortir de la loi brésilienne sur l’interruption de grossesse. Cette pratique médicale n’est  en effet autorisée dans le pays sud-américain, que dans trois cas : les grossesses qui mettent en danger la vie de la mère, celles issues d’un viol et enfin s’il y a anencéphalie du fœtus (absence totale ou partielle du cerveau qui provoque la mort du nourrisson). Dans tous les autres cas, l’avortementest interdit et une femme qui ne respecte pas cette interdiction encourt jusqu’à quatre ans de prison.

Les femmes qui viennent se faire avorter "passent par des situations humiliantes et vexatoires"
Patricia Rameiro, militante féministe regrette la décision du gouvernement brésilien "Cet arrêté avait pour but de garantir aux femmes un accueil digne, car aujourd'hui, celles qui arrivent pour avorter dans des hôpitaux publics, même dans les cas prévus par la loi, passent par des situations humiliantes, vexatoires. Comme il n'y a pas de loi décrivant l'accueil qui doit être fait à ces femmes, les médecins et les professionnels de la santé, non formés à ce genre de pratiques et désirant compliquer l'avortement, exigent tout un tas de garanties et de preuves, rendant souvent le service d'avortement légal inaccessible". Selon les données du ministère de la Santé brésilien, en 2012, 65 hôpitaux étaient habilités à pratiquer des avortements dans le pays et seulement 1626 interruptions de grossesse légales ont été effectuées, pour une population totale de 200 millions d’habitants.

Tous les deux jours, une femme meurt suite à un avortement clandestin
Devant cette difficulté d’accès à l’avortement au Brésil, les femmes se tournent vers une alternative dangereuse : l’avortement clandestin. Selon une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé, un million d’avortements clandestins ont lieu chaque année dans le pays. Ces interruptions de grossesse non réglementées ne respectent aucune règle d'hygiène ou de sécurités. Conséquences : une femme meurt toutes les 48h des suites de cette pratique clandestine.