#distractinglysexy : quand les femmes scientifiques se rebiffent contre le sexisme

Les propos d'un Prix Nobel de médecine à propos de la mixité dans les laboratoires, qui serait synonyme de distraction, ont fait bondir les femmes scientifiques. Celles-ci ont, avec humour, moqué son opinion sur les réseaux sociaux.

Ce n’est pourtant pas faute de le répéter : il vaut mieux tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. Tim Hunt, 72 ans, aurait dû se souvenir de ce sage conseil avant de donner son avis sur la mixité dans les laboratoires, le 8 juin dernier. Le Prix Nobel de physiologie ou médecine, récompensé en 2001 pour ses travaux sur le cycle cellulaire, a déclaré lors d’une conférence en Corée du Sud que la présence de femmes dans les laboratoires perturbait le travail de leurs homologues masculins et qu’il valait mieux que chacun travaille dans des espaces différents. "Laissez-moi vous expliquer mon problème avec les femmes. Trois choses arrivent lorsqu’elles sont dans un laboratoire : vous tombez amoureux d’elles, elles tombent amoureuses de vous et quand vous les critiquez, elles pleurent".
Des propos qui n’ont pas manqué de faire réagir les scientifiques féminines, nombreuses à partager photos et commentaires moqueurs sur les réseaux sociaux, sous le hashtag #distractinglysexy (distrayantes et sexy). Certaines posent dans leurs imposantes combinaisons de protection et ironisent sur le fait que leurs tenues ne soient pas des plus seyantes quand d’autres se félicitent que Marie Curie ait arrêté de pleurer assez longtemps pour pouvoir travailler sur le radium et le polonium.
Sur Twitter, l’ironie est de mise. "Je suis tombée amoureuse de la micro-centrifugeuse… typique d’une femme qui bosse dans un labo", estime @Point_Mutation. "Toujours #distractinglsexy après une journée passée à fabriquer des cellules. Et je n’ai même pas pleuré cette fois, je suis tellement fière !", commente @lu_debeauchamp.
Face au tollé déclenché à la suite de ses déclarations, Tim Hunt a démissionné de son poste de professeur honoraire à l’University College de Londres, la plus ancienne université de la capitale britannique. Juste avant, lors d’une interview accordée à la BBC Radio 4, il avait affirmé être désolé d’avoir tenu de tels propos. "Ce que j'ai voulu dire, c'est que ces enchevêtrements émotionnels ont rendu la vie [dans le laboratoire, ndlr] très difficile. Je suis vraiment, vraiment désolé, j'ai fait une erreur, c'est affreux. [...] Tout ce que je voulais, c'était être honnête en fait."

""Girls with toys" : la riposte des femmes scientifiques du monde entier au sexisme"