Abercrombie épinglé pour avoir refusé d'embaucher une femme voilée

La Cour suprême des Etats-Unis a tranché en faveur d'une musulmane. Le responsable de la marque de vêtements Abercrombie & Fitch avait rejeté la candidature de la jeune femme pour un emploi de vendeuse parce qu'elle portait le voile...

La décision a été rendue lundi 1er juin par la Cour suprême des Etats-Unis à huit voix contre une pour une musulmane privée d'emploi parce qu'elle portait le hijab.
L'affaire date de 2008. A l'époque, Samantha Elauf se présente à un entretien d'embauche dans une boutique de vêtements de l'enseigne Abercrombie & Fitch, à Tulsa (Oklahoma). Sa candidature est d'abord acceptée, puis rejetée par un supérieur.
La raison ? La personne chargée du recrutement a estimé que le fait d'avoir un foulard sur les cheveux allait à l'encontre du code vestimentaire imposé aux vendeurs de la marque, adeptes d'un style défini comme "décontracté", représentant la jeunesse de la côte Est des Etats-Unis.
Estimant avoir été discriminée, Samantha Elauf a porté plainte contre le groupe et a obtenu en première instance 20 000 dollars de dommages et intérêts, avant d'être reconduite en appel. La Cour a estimé que la loi fédérale de 1964 sur les droits civiques qui interdit la discrimination en matière d’emploi fondée sur la race, la religion, la couleur, le sexe ou l’origine nationale ne s'appliquait pas dans ce cas puisque la plaignante n'avait pas demandé d'aménagement du règlement intérieur d'Abercrombie par rapport à sa religion.
Finalement, le juge Antonin Scalia a estimé que l'employeur "soupçonnait au moins" que la candidate portait bien un voile pour des raisons religieuses. Selon le juge, cet argument "suffit".
De là, huit voix contre 1 ont conclu que la marque américaine était coupable de discrimination "lorsqu’elle a intentionnellement refusé d’embaucher Samantha Elauf à cause de son hijab, après avoir conclu correctement qu’elle portait le hijab pour des raisons religieuses". 

Samantha Elauf © Pablo Martinez Monsivais/AP/SIPA