#SayHerName: les femmes noires aussi, subissent les bavures de la police

Alors que les noms de Trayvon Martin et Freddie Gray font le tour des médias quand il s'agit d'évoquer les bavures policières aux Etats-Unis, ceux d'Aiyana Jones ou de Natasha McKenna ne sont jamais prononcés. Les femmes sont pourtant victimes de ces violences au même titre que les hommes. Le mouvement "Say her name" veut leur redonner leur place.

Ces derniers mois, voire ces dernières années, plusieurs cas de violences policières aux Etats-Unis ont fait les gros titres de la presse. Trayvon Martin, Freddie Gray et Eric Harris, tous les trois des hommes noirs tués par des policiers blancs, sont devenus, malgré eux, les "symboles" des bavures policières. Des hommes, alors que les femmes noires sont elles aussi victimes d’abus commis par les forces de l’ordre. Mais les médias américains ne semblent pas prêts à les relayer. 
Pour sensibiliser l’opinion publique à ce sujet, le think tank African American Policy Forum (AAFP) a publié un rapport le 20 mai dernier. Kimberlé Williams Crenshaw, directrice de l’AAFP et co-auteure du texte précise : "Alors que les femmes noires sont quotidiennement tuées, violées et frappées par la police, leurs expériences sont rarement rapportées sur la place publique".
Intitulé "Say her name, resisting police brutality against black women" (Dites son nom, résister contre les violences policières envers les femmes noires), le rapport cite les noms de plusieurs victimes féminines, telles qu’Aiyana Jones et Natasha McKenna. La première a été tuée d’une balle dans la tête lors d’une descente de police au domicile de sa grand-mère. Elle n’avait que 7 ans. La seconde a succombé en prison après avoir été électrocutée au Taser par six policiers durant son interpellation. L’AAFP dit vouloir faire la lumière sur ces morts, dont les responsables n’ont pas été traînés en justice.
Après la publication du rapport, des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs grandes villes américaines. Les manifestants brandissaient les portraits des défuntes. Leur mot d’ordre, "Say her name", également décliné en hashtag sur Twitter, était clair : rendre hommage à ces victimes oubliées, comme un écho au mouvement "Black Lives Matter", lancé en réaction à l’acquittement de George Zimmerman, le policier qui avait abattu Trayvon Martin en février 2012. 
A San Francisco, où près de 300 femmes sont descendues dans la rue, certaines ont manifesté seins nus, pour dénoncer l’hypersexualisation du corps des femmes noires dans une société qui ne les perçoit plus en tant qu’individus.
De manière plus générale, le rapport de l’AAFP entend dénoncer toutes les formes de violences policières, comme les agressions sexuelles, les violences à l’égard des femmes enceintes, des enfants et des personnes LGBT. Le texte préconise notamment d’instaurer une politique de tolérance zéro envers le harcèlement sexuel par les forces de l’ordre.

© Facebook The Blackout Collective