Burundi: les femmes, figures de la contestation contre le président Nkurunziza

Dimanche, près de 300 femmes ont bravé l'interdiction de manifester pour se rassembler dans les rues de Bujumbura. Elles s'opposent à la candidature du président sortant Pierre Nkunrunziza, qui brigue un troisième mandat.

L’annonce de la candidature du président sortant Pierre Nkunrunziza, déjà élu à la présidence du Burundi en 2005 et 2010, pour un troisième mandat le 25 avril dernier a provoqué une vague de manifestations dans le pays. Les opposants estiment qu’un troisième mandat serait anticonstitutionnel. Samedi, le gouvernement a ordonné la fin de ce qu’il appelle "l’insurrection". Mais les femmes ont ignoré cette injonction et elles sont plus de 300 à être descendues dans la rue ce dimanche 10 mai, dans le centre de Bujumbura, la capitale du Burundi. Il s’agit de la première manifestation organisée depuis l’annonce de la candidature du président Nkurunziza.

Suite à un appel lancé sur une radio et une télévision privées, les femmes se sont retrouvées par petits groupes, pour ne pas être repérées par la police. Celle-ci a bouclé le centre-ville depuis quelques jours, pour maintenir les mouvements de protestation dans les quartiers périphériques. La foule rassemblait des femmes de tous âges, appartenant à la classe moyenne de la capitale. Les manifestantes sont parvenues à s’approcher de la place principale et à se réunir devant le ministère de l’Intérieur.

Alors que la foule s’est peu à peu agrandie, le cortège a ensuite tenté de rejoindre la Place de l’Indépendance, au cœur de la ville. Mais les forces de l’ordre lui bloquaient le passage. Les femmes, désormais plus de 300, ont fait demi-tour mais ont réussi, avec le sourire, à faire céder les cordons de police. Kelly, 18 ans, s’amuse de la situation : "Les policiers n'osent pas tirer sur les femmes. Certaines pourraient être leurs mères".

Elisabeth-Marie a été désignée pour parler au nom de la foule. Assise sur l’un des boulevards de Bujumbura, elle explique : "Aujourd'hui nous sommes ici pour soutenir nos frères qui manifestent contre les violations des lois fondamentales de ce pays. Même un surhomme ne peut pas nous forcer à un troisième mandat".  Bloquées dans leur avancée par la police, les femmes se sont finalement dispersées dans le calme. Elles ne s’avouent pas vaincues : une nouvelle manifestation est prévue dimanche prochain. La répression de la contestation a déjà fait 18 morts dans le pays.

Les femmes ont manifesté dimanche  © Gildas Ngingo/AP/SIPA