Auschwitz: ces femmes victimes de la barbarie nazie ont partagé leurs souvenirs

Voilà 70 ans que le camp d'Auschwitz-Birkenau a été libéré par l'Armée rouge. De nombreuses commémorations sont organisées mardi 27 janvier. Le Journal des Femmes met en lumière les témoignages de celles qui ont connu l'horreur.

C’était le 27 janvier 1945, l’armée soviétique ouvrait les portes du camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz, dans le sud de la Pologne et découvrait la barbarie innommable des nazis. 7000 survivants, dont 180 enfants attendaient ce moment dans le camp de la mort abandonné par les Allemands, déjà en fuite.
En ce 27 janvier 2015, 70 ans après la libération du camp, des cérémonies de commémoration sont organisées en présence de plusieurs chefs d’Etat et de 300 survivants. Les chiffres, qui exercent leur devoir de mémoire, nous rappellent l’horreur de ce lieu. En cinq années, 1,1 million de personnes a perdu la vie, dont 960 000 Juifs de plusieurs pays d’Europe. On sait que les tentatives d’évasion ont été quasiment inexistantes. 802 prisonniers, dont 45 femmes ont tenté de s’échapper du camp, selon les informations du musée du camp. Seulement 144 personnes ont réussi. Les autres ont été arrêtés ou leur sort ne nous est pas connu.
"Plus jamais ça". Un programme de commémoration a été organisé à Auschwitz mardi 27, dans le but de rendre un hommage aux victimes du nazisme et aussi parce qu’il ne faut pas oublier. 
Comment dire l'horreur ? 
La question de la retranscription de ce qui s'est passé à l'intérieur des camps de concentration et d’extermination a longtemps été posée. Les survivants des camps de la mort qui ont voulu exprimer, par écrit ou par oral, leur vécu se sont heurtés à un problème d’expression. A savoir, y a-t-il des mots dans le langage pour exprimer l’innomable ? Certains ont essayé d’écrire cette terrible expérience, dans des journaux intimes, des poèmes, des descriptions, des romans, des discours...

Ressentis de femmes meurtries
Simone Veil, femme politique française, déportée à Birkenau avec sa mère et sa soeur Madeleine, s'est exprimée à plusieurs reprises dans des vidéos, présentes dans les archives de l'INA,  pour parler de son vécu dans le camp. 
Ida Grinspan, arrêtée et déportée à Birkenau en 1944 a publié en 2002 J'ai pas pleuré écrit avec Bertrand Poirot-Delpech (Robert Laffont). "La barbarie s'est glissée, une nuit d'hameau que tout destinait au sommeil heureux des lieux oubliés par l'Histoire", peut-on lire dans cet ouvrage.
Rutka Laskier, adolescente juive de Pologne, est connue pour son journal intime qui décrit quatre mois de sa vie sous l'occupation allemande. Ces 60 pages rapportent les atrocités commises par les nazis dans le camp d'Auschwitz. On peut lire ces lignes : "Si seulement je pouvais dire, c'est fini, on ne meurt qu'une seule fois… Mais je ne le peux pas, car malgré toutes ces atrocités, je veux vivre et attendre le prochain jour".
Ana Novac, déportée à l'âge de 14 ans à Auschwitz, est parvenue à écrire un journal paru en France en 1968 sous le titre Les Beaux Jours de la jeunesse. Cet écrit personnel est connu pour décrire une violence parfois insoutenable.
Chava Rosenfarb, écrivain et poète canadien de langue yiddish, est déportée à Auschwitz à 21 ans et réussit à se procurer de quoi écrire. Elle recopie de nombreux poèmes qu'elle compose dans sa tête et apprend par coeur.
Ces femmes fortes, courageuses, inspirées ont contribué au devoir de mémoire plus de 70 ans après l'horreur.