Liban : une loi inédite contre les mariages précoces

Le pays du Cèdre n'est pas coutumier de ces noces avancées, mais la Commission nationale de la femme libanaise a retroussé ses manches pour proposer une loi contre les unions précoces, destructrices et dangereuses pour les jeunes filles.

C'est une première au Moyen-Orient. Le Liban prépare une loi pour lutter contre les mariages précoces et souvent forcés des mineures.
"Nous avons rédigé le premier projet qui réglemente le mariage des mineurs", a affirmé Me Fadi Karam, secrétaire général de la Commission nationale de la femme libanaise (CNFL) à l'AFP. Car dans le pays levantin, les musulmans peuvent légalement se marier à 18 ans et les musulmanes à partir de 14 ans. Du côté chrétien, les jeunes filles se marient entre 14 et 18 ans en moyenne et les garçons de 16 à 18 ans. 
Pourquoi l'âge de nubilité varie-t-il selon les confessions ? Au Liban, 18 communautés différentes cohabitent dans un semblant de coexistence pacifique. Pour ce faire, les tribunaux religieux ont une grande importance et définissent le statut personnel de leur communauté confessionnelle. "Mais les familles peuvent obtenir auprès du tribunal religieux une dérogation autorisant le mariage plus tôt", a expliqué un avocat.
Voilà le réel problème, qui se voit aggravé par l'afflux des populations syriennes aux frontières libanaises. "C'était un phénomène marginal tant au Liban qu'en Syrie, mais depuis la guerre dans le pays voisin, marier une fille signifie une bouche en moins à nourrir", a expliqué Jihane Latrous, spécialiste de la protection des enfants, à l'Unicef. 
Le but de cette loi est aussi et surtout de protéger ces jeunes filles d'un énorme traumatisme et de nombreux problèmes de santé. L'Agence France Presse a rapporté l'histoire d'une jeune fille de 13 ans, Samiha. Elle a quitté sa famille, qui vivait près de Baalbeck, dans l'est du pays, et a dû arrêter l'école pour se marier à un vitrier... de 41 ans ! "Je n'ai rien ressenti, je n'avais pas le choix. Le premier soir quand je l'ai suivi dans la chambre, j'étais terrorisée, je n'arrivais pas à bouger", a expliqué la petite. Cette nuit de noces, elle est tombée enceinte sans savoir ce qu'était la sexualité.
Pour l'Unicef, les trois risques majeurs de ces unions sont le refus d'accès à l'éducation, les problèmes de santé, dus notamment aux grossesses prématurées et aux infections sexuellement transmissibles, puis la maltraitance qui est fréquente dans les mariages d'enfants. S'ils refusent de se marier ou osent choisir leur conjoint, les jeunes peuvent aussi être victimes de "crimes d'honneur" commis par leurs proches

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Au Liban, une loi inédite est proposée pour lutter contre les mariages précoces ©  tauav/ Fotolia