Excision de toutes les femmes en Irak : la fatwa nauséabonde des jihadistes

Des millions de femmes seraient concernées par une décision juridique potentielle des insurgés sunnites d'Irak : elles devraient être excisées. La barbarie de plus en plus intense nous permettrait de croire en cette annonce, mais le sceau et plusieurs détails de la fatwa la remettent en cause.

Depuis quelques temps, l'insurrection sunnite dans la région irakienne ne fait plus beaucoup parler d'elle. Et pourtant. Les répercussions sanglantes sur la population ne cessent d'augmenter et les femmes seraient plus que jamais dans le collimateur des djihadistes de l'EIIL (l'Etat Islamique en Irak et au Levant.)
Mme Badcock, numéro 2 de l'ONU en Irak, a affirmé lors d'une vidéoconférence organisée à Genève que les combattants de l'EI avaient ordonné que toutes les femmes du pays, âgées de 11 à 46 ans, subissent des mutilations génitales.
"C'est une fatwa de l'EI, nous venons d'en être informés (...) 4 millions de filles et de femmes pourraient être affectées", a-t-elle précisé. Les chiffres avancés émanent du Fonds des Nations unies pour la population. Une étape de plus vers l'horreur viendrait d'être franchie par cette organisation qui a proclamée, le 29 juin dernier, le rétablissement du califat sur les territoires irakiens et syriens. Cet épisode peut rappeler les conquêtes de la tribu des Saoud (qui a fondé l'Arabie Saoudite moderne en 1932) dans les années 1920, où le fer de lance des combattants était d'imposer un rite religieux en s'appuyant sur les conquêtes territoriales. Sauf qu'il y a un siècle qui sépare ces deux épisodes. Aujourd'hui, les insurgés sont très armés et intensifient la terreur dans la région, majoritairement chiite, par la lutte et le terrorisme. Tout porte à croire en la thèse de Mme Badcock, mais celle-ci est mise en cause.
"Si l'excision, telle qu'elle est pratiquée en Egypte, est recommandée par les oulémas les plus rigoristes, il semble peu probable que l'Etat islamique l'ait imposée, faute de consensus sur cette question, y compris dans les milieux djihadistes", a quant à lui expliqué Romain Caillet, un chercheur basé au Liban. De plus, aucun communiqué n'a été partagé par l'Etat islamique sur Twitter, coutumier des post sur son compte. Pour finir, le communiqué, qui circule depuis quelque temps,  indique que le leader Abu Bakr al-Bahgdani  veut arrêter "la perversité et la fornication qui circulent chez nos femmes", serait faux, trompé par un sceau non-recouvert de la signature, datant d'un an et écrit en Syrie.
L'ONU est en train d'éclaircir l'information sur cette excision forcée.

Il est cependant très important de détruire les clichés sur les mutilations génitales faites aux femmes. "En empêchant le plaisir de ces dernières, on garantit leur loyauté et on est sûr qu'elles n'iront pas voir ailleurs", a expliqué Annie Tabet, anthropologue et professeure à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth, pour l'Orient Le Jour. L'excision est un outil utilisé par l'homme pour soumettre le sexe dit "faible". Il est important de savoir que cette tradition est autant présente chez les chrétiens que chez les musulmans et est importée d'Afrique (Egypte, Ethiopie, Erythrée, Soudan...) Au nom de la religion, le groupe radical irakien aurait pris la décision d'imposer cette torture aux femmes, alors que la pratique est contraire aux enseignements religieux musulmans ! "Il s'agirait ici d'une nouvelle dénaturalisation de la religion au service de l'homme", a ajouté l'enseignante. 
Un fléau combattu par le Girl Summit 2014 , qui a été organisé par l'Unicef à Londres, le 22 juillet, pour protéger les femmes et les filles contre l'excision et le mariage forcé.

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Les Irakiennes seraient dans le collimateur des insurgés de l'EIIL © Fotolia