Violences sexistes : les femmes battent... le pavé

Plusieurs milliers de militantes ont répondu à l'appel lancé par le Collectif national pour les droits de la femme en défilant à Paris ce dimanche 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences sexistes.

Elles étaient 5000 - selon les organisateurs – à s'élancer ce dimanche de la place de la Bastille à Paris, en direction du ministère de la Justice, place Vendôme. 5000 militantes, unies par un défi commun : interpeler la société et les autorités publiques afin de mettre un terme aux violences sexistes. En tête du cortège, Clémentine Autain, femme politique violée à l'âge de 22 ans, devenue figure de proue du mouvement féministe.
A l'instar de ses aînées qui avaient signé le "manifeste des 343 salopes" pour le droit à l'avortement en 1971, Clémentine Autain, ainsi que 313 "insoumises" ont publié un manifeste contre le viol dans le Nouvel Observateur du 21 novembre, pour briser la loi du silence. "Le tabou fait le jeu des violeurs, affirme la féministe. On peut raconter dans un dîner entre amis ou à ses collègues de bureau que l'on a été victime d'un attentat, que l'on a perdu un proche ou subi un cambriolage. Avec le viol, silence radio. Cet acte touche à la sexualité et la suspicion n'est jamais loin. Le viol est un crime dans lequel la victime se sent coupable, honteuse. Ne pas pouvoir dire ce que l'on a vécu rajoute à la violence subie et contribue à l'impunité des violeurs." Clémentine Autain a témoigné la semaine dernière dans l'émission infra rouge "Viol, elles se manifestent" sur France télévisions, avec cinq autres victimes de violences sexuelles. Leur objectif : favoriser l'émergence de la parole afin que la honte change de camp et que les victimes puissent s'exprimer dans être stigmatisées.
Des chiffres affolants. La lutte contre violences sexistes reste un combat permanent des autorités publiques. En juillet 2010, une loi relative aux violences faites aux femmes, à celles au sein du couple et aux incidences de ces dernières sur les enfants, a été promulguée. Un autre pas a été franchi le 8 mars 2011 avec l'annonce par l'ancienne ministre des Solidarités Roselyne Bachelot d'un plan contre les violences faites aux femmes, axé sur les violences sexistes et sexuelles sur les lieux de travail. Reste qu'aujourd'hui en France, une femme est violée toutes les 8 minutes, ce qui représente 80000 victimes par an, selon les chiffres de L'Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales (ONDRP). Pourtant, seule une victime sur 10 porte plainte et 80 % des victimes de violences conjugales se taisent. Par peur des représailles, de se retrouver à la rue, leurrées par la promesse du "cela ne recommencera pas".

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Une femme meurt tous les 3 jours, victime de son conjoint. © Artem Furman - Fotolia

Victime de la violence et de la loi du silence, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon.