Excision, prostitution, mariage forcé : un congrès alarmant

Le "Congrès international sur la violence contre les femmes", initié par l'Organisation marocaine des droits humains (OMDH) et l'association jordanienne "Femmes contre la violence", a rassemblé, à Casablanca, les représentants d'une vingtaine de pays arabes. Les chiffres sont effrayants.

En Mauritanie, plus de 72% des adolescentes subissent des mutilations génitales, a affirmé mercredi Aïcha Bah Bah, une sociologue de ce pays. L'excision consiste à ôter, par des moyens chirurgicaux parfois rudimentaires, tout ou partie des organes génitaux externes féminins (clitoris, petites et grandes lèvres). Selon l'OMS, quelque 100 à 130 millions de jeunes filles vivent avec les séquelles de ce rituel dévastateur interdit dans la plupart des pays du monde.

En Mauritanie

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Couteau sur un tronc © Aliaksei Smalenski - Fotolia.com

L'engraissement des jeunes filles, dans un pays où le surpoids est considéré comme un critère de beauté, et les brutalités sont d'autres formes de violence infligées aux Mauritaniennes, a poursuivi Mme Bah Bah. "La jeune fille est forcée de se gaver, de manger de grandes quantités de lait et de produits caloriques, afin de se marier dès l'âge de 10 ou 11 ans", a-t-elle ajouté. Par ailleurs, battre sa femme y est perçu comme un acte de protection. Dans certaines régions, les jeunes époux reçoivent des fouets comme cadeaux de mariage", a souligné la chercheuse.

Au Mali, au Yémen et en Tunisie

"Ces dernières années ont été marquées par une forte migration des femmes africaines, souvent enceintes ou avec enfants, à l'intérieur du continent et en Europe. Elles sont souvent victimes de violences de toutes sortes", a interpellé une participante malienne. "Elle sont fragiles car étrangères, fragilisées car pauvres, démunies. Certaines sont obligées de se prostituer pour survivre", a-t-elle expliqué.

Au Maroc

Six millions de femmes sont victimes de violences, dont plus de la moitié dans le cadre conjugal, a annoncé la ministre marocaine des Femmes, de la famille et du développement social, Bassima Hakkaoui. "Une femme sur trois est donc brutalisée , aussi bien dans les espaces publics que privés, au sein du foyer ou en dehors, sous forme agressions physiques ou verbales, en particulier dans la rue", a insisté Mme Hakkaoui, la seule femme du gouvernement dirigé depuis janvier par l'islamiste Abdelilah Benkirane, du Parti justice et développent (PJD).

"La violence contre les femmes au Maroc existe dans l'imaginaire collectif, les mentalités et les rites", a affirmé Aïche Lekhmass, une avocate et militante marocaine. Tant qu'il y a des jeunes femmes qui se suicident parce qu'elles sont forcées de se marier, le chemin reste encore long", a-t-elle conclu.

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