Les talons hauts, bientôt bannis au boulot ?

Shoes Anarchy in the UK - Le Parlement de Westminster, à Londres, discute d'une loi visant à interdire le port obligatoire des talons aiguilles sur le lieu de travail. Un pas en avant vers la fin de la tyrannie du dress-code ?

Les talons hauts, bientôt bannis au boulot ?
© 123RF - Kirill Ryzhov

Qui a dit qu'être perchée sur des talons de 12 cm était la condition sine qua non pour garder son job ? Certainement pas Nicola Thorp. Cette jeune femme de 27 ans a été licenciée de son poste de réceptionniste dans les bureaux d'un grand cabinet d'audit et de conseil londonien en 2015, pour un motif que la décence empêche de tolérer : le simple refus de troquer ses ballerines contre des talons aiguilles. Une choix de chaussures sans retour pour PriceWaterhouseCooper, qui a préféré se séparer sur-le-champ de cette rebelle qui a eu le toupet de vouloir marcher à plat.

Pire encore, Nicola Thorp a révélé que l'agence avait en réalité instauré une véritable dictature de l'apparence à ses employées, entre le port de collants "non opaques", des racines de cheveux devant être "invisibles" ou encore un maquillage tenu d'être "réajusté régulièrement". Aberrant. Loin de vouloir rester coite face à cette démonstration évidente de sexisme au travail, Nicola Thorp a lancé une pétition de protestation qui a recueilli à ce jour plus de 150 000 signatures, soit plus des 100 000 requises pour déclencher un débat parlementaire. 

Une enquête a été ouverte et deux commissions parlementaires ont été menées suite à cette rébellion. Leur verdict est clair : une nouvelle loi, punissant plus sévèrement la dictature de l'habillement en milieu professionnel, est nécessaire. Elle pourrait notamment interdire le port obligatoire des talons hauts sur le lieu de travail. Fort heureusement, le combat de Nicola Thorp s'est soldé par une première victoire, puisque l'agence de conseil a depuis revu ses exigences en matière de code vestimentaire. Une façon de repartir du bon pied ?

Et en France, que dit la loi ? 

Le Code du travail français indique que l'employeur peut imposer une tenue à condition qu'elle soit justifiée par la nature de la tâche à accomplir : cela peut-être le cas par exemple pour des raisons d'hygiène et de sécurité, ou encore quand l'employé est en contact avec la clientèle. De façon globale, une entreprise est en droit d'exiger des vêtements propres et décents à ses employées si l'habillement en question est inscrit dans son règlement intérieur. En cas de licenciement pour manquement à ces règles vestimentaire, la personne lésée peut demander des dommages et intérêts mais pas l'annulation de son renvoi. Mais quid des talons hauts ? Nul doute qu'en France aussi, une loi mériterait d'être discutée à ce sujet.