Oxfam, Médecins Sans Frontières, IRC : l'humanitaire au cœur de scandales sexuels

Des employés des organisations non-gouvernementales Oxfam, Médecins Sans Frontières et IRC sont accusés d'abus et d'harcèlement sexuels. Un scandale à l'échelle internationale, qui prouve qu'aucun secteur n'est à l'abri.

Oxfam, Médecins Sans Frontières, IRC : l'humanitaire au cœur de scandales sexuels
© Mikewaters/123RF

Recours à des prostituées après le séisme haïtien, abus sexuels au Tchad, tentatives de viols au Soudan du Sud, agression de mineurs bénévoles dans des magasins de l'ONG... La liste des accusations qui secouent l'Oxfam, confédération luttant contre les injustices et la pauvreté, est longue. Révélés par le magazine britannique The Times, ces agissements ont été tus pendant plusieurs années par ses dirigeants. En 2011, le directeur d'Oxfam à Haïti, Roland von Hauwermeiren, avait démissionné après avoir admis avoir engagé des prostituées avec l'argent de l'organisation. Il était alors devenu chef de mission pour Action contre la faim au Bangladesh sans que l'ONG soit informée des raisons de sa démission.

"Culture de l'abus sexuel"

Ces événements sont pourtant la partie immergée de l'iceberg. Selon la journaliste Shaista Aziz, ils s'inscrivent dans "une culture où l'intimidation est légion". Cette ancienne humanitaire a déclaré au Guardian qu'il n'est pas rare de voir les femmes rabaissées au sein des ONG. Une étude réalisée en 2016 auprès de 1000 femmes employées dans 70 organisations non-gouvernementales montre d'ailleurs qu'une travailleuse humanitaire sur 2 a déjà subi des avances sexuelles ou des attouchements non consentis au cours de sa carrière. Nombre d'entre elles ne signalent pas ces comportements à leur hiérarchie, de peur de perdre leur emploi ou de ne pas être crue.

En plus du scandale Oxfam, des révélations contre Médecins Sans Frontières (MSF) et l'IRC (International Rescue Committee, ONG fondée par Albert Einstein pour aider les victimes de persécutions raciales, religieuses ou ethniques, ndlr) appuient ces dires. Vingt-quatre cas de harcèlement ou d'abus sexuel ont été répertoriés en 2017 au sein de MSF et 3 cas d'abus sexuels ont été listés parmi les cadres de l'IRC. Si tout est mis en œuvre pour renvoyer le personnel impliqué et pour saisir la justice, les cas qui ont lieu sur le terrain ne sont pas forcément rapportés au siège. "Bien que les signalements d'abus soient en augmentation régulière, MSF est consciente que les abus en son sein sont sous-rapportés", concède l'ONG.

Un scandale lourd de conséquences 

Ces révélations en série risquent d'avoir de lourdes retombées. Les responsables d'Oxfam doivent rencontrer le gouvernement britannique lundi 19 février pour en savoir plus sur leur avenir financier, alors que le pays investit dans l'organisation. La Secrétaire d'état du développement international a déjà avancé : "S'ils ne transmettent pas toutes les informations (qu'ils détiennent sur l'affaire), je ne travaillerai plus avec eux". La Commission européenne a également menacé de couper les financements de l'organisation, si elle ne faisait pas toute la lumière sur l'implication de ses membres dans le scandale. Les ambassadeurs de l'ONG abandonnent peu à peu leur rôle : après Minnie Driver, c'est à l'artiste sénégalais Baaba Maal de renoncer à ses prérogatives. La numéro 2 de l'organisation, Penny Lawrence, a démissionné.