Emmanuel Macron présente son plan contre les violences sexistes

Le président de la République veut faire de l'égalité la "grande cause du quinquennat". Emmanuel Macron a dévoilé un plan d'envergure à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Véritable tournant ou effet d'annonce ?

Emmanuel Macron présente son plan contre les violences sexistes
© Pool/ABACA

Samedi 25 novembre 2017, 12h, Palais de l'Elysée. Emmanuel Macron est au pupitre, face aux ministres et personnalités conviées en ce jour dédié à la lutte contre les violences faites aux femmes. Le silence est de mise dans la salle qui réunit près de 200 personnes. Pendant quelques secondes, le chef de l'Etat a demandé le mutisme en hommage aux 123 femmes décédées sous les coups de leur compagnon l'année passée. Le message est fort en cette journée de combat : le président de la République s'engage pour ce qu'il avait promis être la grande cause nationale de son quinquennat.

Education et accompagnement des victimes

Harcèlement sexuel, agression, viol, plafond de verre, excision... Après un état des lieux de ce qu'il considère comme une "honte nationale", Emmanuel Macron déclare vouloir faire en sorte que le sentiment d'humiliation change de camp. Pour ça, l'accent est mis sur trois axes : l'éducation et le combat culturel en faveur de l'égalité, l'accompagnement des victimes et le renforcement du système répressif. Cette action de grande ampleur qui s'étalera pendant tout le quinquennat sera soutenue par une augmentation du budget alloué au secrétariat d'Etat à l'égalité entre les femmes et les hommes. Le portefeuille de Marlène Schiappa sera renfloué à hauteur de 13%. Pour 2018, ce sont 420 millions d'euros (tous ministères confondus) qui seront dédiés à la lutte en faveur de l'égalité. Une vraie avancée comparé aux 397 millions de 2017.

"Violences faites aux femmes: une "honte nationale" (Macron)"

Conscient que les violences faites aux femmes seront éradiquées quand garçons et filles seront instruits à ce propos, le chef de l'Etat souhaite instaurer un module d'enseignement pour prévenir le sexisme. De la même manière, les employés de crèches seront sensibilisés pour éviter les rapports de force dès le plus jeune âge. Le CSA devrait pouvoir statufier sur les contenus en ligne et les jeux vidéos afin de contrer les effets néfastes de la pornographie et de la violence. Les professionnels amenés à recevoir des femmes victimes seront formés pour reconnaître les violences conjugales ou machistes et apporter une aide psychologique à la hauteur. Le chef de l'Etat souhaite également faciliter le dépôt de plaintes, en les rendant possible en milieu hospitalier par exemple.

Un portail en ligne sera lancé pour aiguiller les femmes en quête d'informations, d'aide ou de soutien. Emmanuel Macron a annoncé que d'ici le début de l'année, ce site leur permettra de se renseigner auprès de gendarmes ou de policiers disponibles 24/24h.

Consentement et délai de prescription

En réponse aux dernières affaires judiciaires largement commentés, le chef de l'Etat a annoncé que la France devra statufier sur l'âge de présomption de non-consentement : "J'ai une conviction personnelle que je veux vous partager. Nous devons aligner l'âge de consentement sur celui de la majorité sexuelle, à 15 ans, par souci de cohérence et de protection des mineurs".  Toujours dans l'idée de mieux défendre les victimes, Emmanuel Macron a confirmé l'allongement du délai de prescription pour les crimes sexuels sur mineurs de 20 à 30 ans. Ces mesures devraient être votées dans le cadre du projet de loi contre les violences sexuelles et sexistes, présenté en 2018.
Autre mesure phare : la mise en place d'un "délit d'outrage sexiste" pour disposer d'une réponse pénale au fléau du harcèlement de rue. Les remarques déplacées répétées pourront être passibles d'une amende "dissuasive". Une application contre le harcèlement en ligne devrait également voir le jour.

Pas suffisant pour les féministes

Toutes ces annonces précisent une promesse de campagne : faire des violences faites aux femmes et de l'égalité l'un des grands axes du quinquennat d'Emmanuel Macron. Un engagement que l'on ne peut que saluer. Mais ce discours et les mesures annoncées ne sont pas à la hauteur de l'enjeu, selon les féministes. Si Osez le féminisme ! "se félicite de cette prise de conscience au plus haut niveau de l'Etat", l'association regrette l'absence d'un ministère entièrement dédié à la cause ou encore le manque d'une diplomatie des droits des femmes. Surtout, les militantes se rejoignent pour dire qu'encore trop peu d'argent est débloqué pour venir à bout des nombreuses formes de sexisme. Si 2017 a permis aux femmes de se faire entendre, tout reste à concrétiser dans les années à venir.