Viol : en Inde, les femmes interdites de porter des jeans

Le gouvernement d'un petit village indien a décidé de bannir les jeans et les téléphones portables pour ses habitantes afin de "lutter contre le viol". Une fois encore, c'est aux femmes de modifier leur comportement et non aux hommes...

Viol : en Inde, les femmes interdites de porter des jeans
© Greta Gabaglio

Le "pays du viol" est encore frappé par le sexisme. Le week-end dernier, les membres du panchayat (gouvernement évidemment dirigé par les hommes de la communauté) de Baldiyapura, un village situé près de Dholpur dans l'état du Rajasthan, en Inde, ont décidé d'interdire le port du jean aux filles, dans le but de réduire les agressions sexuelles. Il leur est aussi défendu de posséder un téléphone portable. "De bonnes décisions ont été prises par le panchayat pour éradiquer les fléaux sociaux. Les viols et les agressions augmentent car les femmes portent des vêtements attirants", déclare Kanasil Hariom Singh Parmar, représentant de ce gouvernement. Selon eux, ces pratiques jugées trop proche du mode de vie occidental, "ruinent la culture indienne" et mettent en péril "le développement global du village", précise Dhaniram Kushawaha, un autre membre. Alors qu'elles vivent quotidiennement dans la peur d'être agressée, les femmes sont une nouvelle fois tenues responsables du comportement inapproprié et irrespectueux des hommes.
Pour s'assurer que la loi est respectée, on conseille aux parents de surveiller les "activités de leurs filles", rapporte le Hindustan Times. D'autant plus que si les nouvelles règles ne sont pas respectées, le gouvernement n'hésitera pas à faire usage "de la force". Le petit village du nord-ouest de l'Inde n'est pas le seul à être concerné, puisque le panchayat compte bien étendre ses règles aux communautés alentours.

Victimes et responsables de leur sort

Ces interdictions émergent dans un climat de tensions. La pratique du viol collectif devenue monnaie courante, de plus en plus de voix s'élèvent contre la maltraitance et les violences faites aux Indiennes. En 2015, 34 651 viols ont été signalés dans le pays, selon Le Monde, dont 2 199 rien que dans la capitale. Malheureusement ces chiffres ne sont pas entièrement représentatifs. Combien de femmes préfèrent encore se terrer dans le silence, humiliées... 
Souvent pointées du doigt pour leur impuissance, les autorités deviennent complices de toutes les atrocités faites aux femmes. Agressions sexuelles, attaques à l'acide... Le peuple fait justice lui-même et la violence barbare est quotidienne. Dans cette société construite sur un modèle de caste où la hiérarchie et l'honneur de la famille tiennent une place importante, les viols sont souvent un moyen pour les hommes d'infliger leur puissance socialement.