Bill Cosby veut éduquer les jeunes sur les agressions sexuelles

A peine son procès contre Andrea Constand annulé pour faute d'unanimité de la part du jury, Bill Cosby, accusé d'avoir agressé sexuellement plus d'une cinquantaine de femmes entre 1965 et 2008, veut se "remettre au travail", a déclaré Andrew Wyatt, son représentant. Dans l'attente d'un second procès qui devrait avoir lieu d'ici quelques mois, l'homme de 79 ans a décidé d'organiser des conférences sur les agressions sexuelles dans le but d'éviter aux jeunes d'en être accusé. Il souhaite notamment sensibiliser les hommes aux dysfonctionnements du système judiciaire, qui sont à ses yeux, la raison des poursuites engagées contre lui. "Ce problème peut affecter n'importe quel jeune homme, en particulier les jeunes athlètes d'aujourd'hui. Ils doivent savoir ce qu'ils risquent lorsqu'ils sortent et font la fête, quand ils font certaines choses qu'ils ne devraient pas faire", a assuré Andrew Wyatt sur le plateau de Good Day Alabama. Avant d'ajouter en riant : "Et cela peut aussi concerner les hommes mariés."

De l'absurdité des conférences

Ces propos ont de quoi faire bondir puisque les conférences n'auront pas pour but d'éduquer les jeunes sur comment ne pas agresser une femme, mais plutôt sur comment éviter de se faire attraper et punir par la justice. "Les délais de prescription des agressions sexuelles sont en train d'être allongés", a exprimé Ebonee Benson, autre porte-parole de Bill Cosby, "c'est pour cela que les hommes doivent savoir qu'un rien – même l'effleurement d'une épaule – peut être considéré aujourd'hui comme une agression sexuelle. Il vaut mieux être bien informé de ce que dit la loi." Ces deux dernières années, 6 Etats américains ont étendu ou supprimé la prescription dans les affaires d'agressions sexuelles, d'où la "mise en garde" de l'équipe de la star.

Pourquoi l'annonce de ces conférences est-elle une très mauvaise nouvelle ? Parce qu'une énième fois la parole est donnée à l'agresseur et non aux victimes. Presque toutes les femmes citées dans l'affaire Bill Cosby ne peuvent plus porter plainte aujourd'hui puisqu'il y a prescription. Si elles ne se sont pas exprimées au moment des faits, il y a plusieurs raisons possibles : choc post-traumatique, peur de s'attaquer à une personnalité ou encore de se voir accuser de diffamation. Souvent effrayées, les femmes violées peuvent être tenues responsables de ce qu'il leur est arrivé, pointées du doigt pour avoir porté une jupe ou avoir adopté un comportement jugé inapproprié. La société, la justice ou les forces de l'ordre ont tendance à trop souvent oublier que le seul coupable dans ces cas là n'est autre que l'agresseur lui-même.

Opération séduction

C'est pourquoi il est légitime de s'interroger sur les réelles motivations de l'acteur. Préoccupé ou non par la condition des jeunes, une chose est sûre, le comédien du Cosby Show souhaite avant tout redorer son image. Pourtant, la priorité serait de commencer à enseigner aux hommes concernés comment se comporter respectueusement vis-à-vis d'une femme. Et leur apprendre la définition du mot "consentement", apparemment peu connue, puisque selon une étude réalisée en juin 2016 aux Etats-Unis, 54% des athlètes étudiant à l'université admettaient avoir déjà agressé ou forcé sexuellement une femme. 

Bien entendu, au sein de la sphère people, les réactions et critiques négatives n'ont pas tardé à se faire entendre, notamment celle de la créatrice de Grey's Anatomy, Shonda Rhimes qui a partagé un court mais cinglant message sur son compte Twitter : "De la mairie de Shonda sur les accusations de prévention des agressions sexuelles : 1) N'agressez pas sexuellement quelqu'un 2) Fermez-là, cette attention appartient aux survivants." Bill Cosby, toujours visé par des plaintes, pourrait finalement annuler cette tournée vivement critiquée.