La communauté LGBT, agressée tous les trois jours

Les témoignages d'actes homophobes ont augmenté depuis 2015, d'après le rapport annuel de l'association SOS Homophobie. Un phénomène lié notamment aux engagements politiques, qui touche aussi les personnes transgenres.

La communauté LGBT, agressée tous les trois jours
© NICOLAS MESSYASZ/SIPA

Pas de répit pour l'homophobie en France. Les témoignages des victimes connaissent une forte hausse depuis 2015, selon un rapport de l'association SOS Homophobie, dévoilé le 10 mai. L'organisation signale avoir recueilli 1575 témoignages d'actes homophobes et transphobes en 2016 contre 1318 en 2015, soit une augmentation de près de 20% en un an. Ces violences peuvent mener parfois au rejet, à la mort voire au suicide. Par ailleurs, ce fléau touche davantage la communauté homosexuelle : ils sont 4 fois plus que la moyenne mettre fin à leur jours, selon l'association Inter-LGBT.  

Une légitimation de la haine

Les violences verbales et/ou physiques, toujours présentes dans le cadre public, connaissent une augmentation de 36% depuis 2016 dans le milieu familial. "Il y a une agression tous les trois jours", a déclaré le président de l'organisation Joël Deumier, en présentant le rapport. L'association note, en 2016, avoir reçu 121 témoignages d'actes transphobes, soit presque le double de l'année précédente. L'élection présidentielle aurait aussi sa part de responsabilité, selon Véronique Godet, vice-présidente de SOS Homophobie : "La campagne [...] a conduit la Manif pour Tous et Sens Commun à réorganiser leur parole. Leur discours anti-LGBT légitime la haine", explique-t-elle. 

La transphobie en hausse

Si la communauté homosexuelle reste touchée par ces actes de haine, les personnes transsexuelles et transgenres en paient également les frais. Selon l'association, Internet et le confort de l'anonymat qu'il procure seraient les éléments déclencheurs de l'augmentation de ces violences : "Nombreux sont les trolls qui […] se déchaînent. On les retrouve dans des commentaires d'articles sur des trans battu-e-s et tué-e-s partout dans le monde […] Ou sur Facebook, pour commenter la mort d'une personne trans à Rouen". La médiatisation progressive de sujets sur la transidentité, de célébrités transexuelles et transgenres tels que Caitlyn Jenner, ou encore la loi sur l'état civil, facilitée en 2016 pour ceux et celles souhaitant officialiser leur changement d'identité et de sexe, a également contribué à cette vague de haine. 

Plus inquiétant encore : le rapport note une "banalisation des blagues homophobes et transphobes", notamment dans Touche Pas à Mon Poste et Le Grand Journal, mais estime cependant que les témoignages sont de plus en plus fréquents. "Chaque avancée en matière de droit [...] pousse les victimes à témoigner. Ils sentent que ce qui leur arrive n'est pas acceptable et qu'il faut en témoigner", a déclaré Véronique Godet. Un petit pas vers une société plus ouverte ?