Jacqueline Sauvage, graciée et libérée
JUSTICE - François Hollande a accordé une grâce totale à Jacqueline Sauvage, condamnée en 2014 à 10 ans de prison pour le meurtre de son mari violent. La fin d'un long combat pour cette femme, devenue le symbole des violences conjugales.
[Mise à jour du 30/12/2016] Jacqueline Sauvage est sortie de prison mercredi 28 décembre, suite à la grâce présidentielle accordée par François Hollande. Hébergée chez l'une de ses filles dans le Loiret, elle va pouvoir reprendre le cours de sa vie. L'une de ses avocates, Me Nathalie Tomasini, a déclaré qu'elle n'avait "pas de projet concret", sinon de "rester en famille" et de se "recueillir sur la tombe de son fils". Elle envisagerait également de vendre la maison dans laquelle ses enfants et elle ont subi la violence de son mari.
Immédiatement libérable. François Hollande a enfin prononcé le verdict que l'on n'attendait plus. Le président de la République a annoncé, mercredi 28 décembre, qu'il accordait une grâce totale à Jacqueline Sauvage, condamnée en 2014 à 10 ans de prison pour avoir tué son mari violent. Le chef de l'Etat a publié sur Twitter : "J'ai décidé d'accorder à Jacqueline Sauvage une remise gracieuse du reliquat de sa peine. Cette grâce met fin immédiatement à sa détention."
J'ai décidé d'accorder à Jacqueline Sauvage une remise gracieuse du reliquat de sa peine. Cette grâce met fin immédiatement à sa détention.
— François Hollande (@fhollande) 28 décembre 2016
François Hollande a pris cette décision après avis du ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas. L'Elysée a précisé dans un communiqué que "le président de la République avait estimé que la place de Mme Sauvage n'était plus aujourd'hui en prison, mais auprès de sa famille". Selon le parquet de Melun, la libération de Jacqueline Sauvage, emprisonnée à la prison de Réau, en Seine-et-Marne, "devrait intervenir dans la soirée" du 28 décembre.
Les filles de Jacqueline Sauvage avaient déposé une demande de grâce totale au début du mois de décembre, une semaine après le rejet en appel de sa demande de libération conditionnelle. A noter que la grâce, à la différence de l'amnistie, est une dispense d'exécuter la peine, mais n'efface pas la condamnation qui reste inscrite au casier judiciaire. Jacqueline Sauvage est donc libérable, mais reste coupable de meurtre aux yeux de la loi.
Le 10 septembre 2012, Jacqueline Sauvage a tué son mari de trois coups de fusil dans le dos. Un geste qui s'inscrit dans un contexte de violences répétées, Jacqueline Sauvage ayant subi pendant 47 ans les coups de son époux alcoolique. Son fils s'est suicidé la vieille du drame, mais elle ne l'apprend que lors de sa garde à vue. Pendant le procès, ses 3 filles révèlent avoir été victimes d'attouchements et de violences physiques de la part de leur père. L'une d'elle assure également avoir été violée. Jacqueline Sauvage est condamnée en octobre 2014 en première instance par la cour d'Assises d'Orléans à 10 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de son mari et fait immédiatement appel de cette décision. Le procès en appel, en décembre 2015, confirme le jugement de la cour d'Assises et une demande de grâce partielle est adressée à François Hollande. Le 31 janvier 2016, après une forte mobilisation, le président de la République y répond de manière favorable. Les avocates de Jacqueline Sauvage déposent une demande de libération conditionnelle, rejetée en août par le tribunal d'application des peines de Melun. Ses avocates annoncent qu'"épuisée de l'acharnement judiciaire à son encontre", elle renonce à se pourvoir en cassation. Le 2 décembre, les filles de Jacqueline Sauvage demandent à François Hollande une grâce totale pour leur mère et se disent inquiètes pour sa santé. Avec cette décision du 28 décembre, le président de la République met ainsi un terme à 2 ans de bataille judiciaire.