Un violeur pourra épouser sa victime pour éviter la sanction en Turquie

La condamnation suite à une agression sexuelle sur mineur pourrait être annulée en cas de mariage avec la victime, dans un nouveau projet du gouvernement turc.

Un violeur pourra épouser sa victime pour éviter la sanction en Turquie
© Burhan Ozbilici/AP/SIPA

[Mise à jour du 22/11/2016 à 12:00] : Après d'importantes manifestations, le gouvernement turc a plié et approuvé le retrait du projet de loi visant à blanchir les hommes accusés d'agression sexuelle sur mineurs dans le cas d'un mariage avec la victime. Fortement contesté, le texte va être réexaminé en commission afin de "donner aux partis d'opposition le temps nécessaire pour qu'ils élaborent leurs propositions", a expliqué Binali Yildirim, premier ministre. Tout reste encore à faire.

Le gouvernement Erdogan n'en finit plus de choquer. Après les sorties du président sur la maternité ou l'avortement, la Turquie discute un texte de loi qui dépénaliserait les violences sexuelles sur mineur.
Le projet attendu en débat au Parlement prévoit d'annuler la condamnation du coupable s'il se marie avec la victime. Une mesure rétroactive et applicable une seule fois, pour tout acte commis avant le 11 novembre 2016.
Si ce texte crée un mouvement de protestation au sein même du pays, il est "justifié" comme un frein aux mariages précoces par ses défenseurs. Le ministre de la Justice a expliqué vouloir "protéger les enfants" avec cette loi applicable seulement si l'agression a été commise "sans force, menace ou toute autre forme de contrainte".

Des arguments qui n'ont pas convaincu. Des centaines de réfractaires sont descendus dans les rues d'Ankara et Istanbul pour protester contre le texte. En ligne, une pétition a déjà recueilli un million de signatures. L'ONU s'est aussi déclarée soucieuse. "Ces formes abjectes de violence contre des enfants sont des crimes qui devraient être punis en tant que tels, et dans tous les cas, l'intérêt supérieur de l'enfant devrait prévaloir. L'Unicef est profondément inquiète du projet de loi (...) qui introduit une sorte d'amnistie pour les coupables d'abus sur des enfants", a déclaré à l'AFP Christophe Boulierac, porte-parole de l'Unicef. Trois mille turques pourraient être concernés par cette mesure ultra-conservatrice.