Publicités retouchées : y'a pas photo(shop)

La mention "photo retouchée" devient (enfin) obligatoire sur les publicités à partir du 1er janvier 2017. Une avancée dans la lutte contre les diktats de la beauté et de la minceur.

Publicités retouchées : y'a pas photo(shop)
© Luis Chumpitaz

Corps élancés affichés dans la rue, tailles mannequins imprimées sur les pages des magazines, jambes fuselées placardées sur les devantures des magasins : chaque jour s'étale devant nos yeux ce genre de photographies.  Des images de corps "sans défaut", répondant aux critères drastiques du monde de la mode, desquels sont catégoriquement exclus les moindres signes d'une corpulence allant au-delà de l'extrême minceur.

Seulement, ce même diktat de la minceur semble avoir trouvé un adversaire de poids : la loi. Ou plus précisément, celle portant sur la modernisation de notre système de santé, adoptée par le parlement le 24 janvier 2016. Dans cette dernière, l'article 19 mentionne que "Les photographies à usage commercial de mannequins, dont l'apparence corporelle a été modifiée par un logiciel de traitement d'image afin d'affiner ou d'épaissir la silhouette du mannequin doivent être accompagnées de la mention : "Photographie retouchée"

Et l'application de cette mesure devient de plus en plus concrète, puisque le gouvernement prépare actuellement un décret visant à préciser son fonctionnement. Elle sera appliquée au plus tard le 1er janvier 2017. Le 3 novembre dernier, le gouvernement a adressé une note à la Commission européenne dans laquelle il précise que "L'exposition des jeunes à des images normatives et non réalistes du corps entraîne un sentiment d'auto-dépréciation et une mauvaise estime de soi pouvant avoir un impact sur les comportements de santé". L'objectif affiché par le gouvernement en rendant obligatoire la mention "photo retouchée" sur les clichés des mannequins est de prévenir des troubles du comportement alimentaire tels que l'anorexie. Et gare à ceux qui ne respecteront pas cette future obligation : ils s'exposeront à une amende minimum de 37 500€.

Car plus personne ne doit ignorer que la plupart de photos de mannequins à fins publicitaires, que ce soit dans la rue ou dans les magazines, sont de représentations de la réalité biaisées par Photoshop et autres logiciels de retouche. La mesure de la loi de modernisation de notre système de santé pourrait à terme permettre d'aller vers des photographies plus naturelles et plus fidèles à la réalité et de ce fait, moins susceptibles de heurter des jeunes filles mal dans leur peau. 

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