Crime d'honneur au Pakistan : une starlette tuée par son frère

À l'heure où les médias rapportent le décès d'une jeune starlette pakistanaise, Qandeel Baloch, tuée par son frère, l'opinion publique s'insurge contre les crimes d'honneur. Une pratique toujours non punie dans de nombreux pays, où elle est même courante.

Crime d'honneur au Pakistan : une starlette tuée par son frère
© joserpizarro/123RF

Elle était considérée comme la "Kim Kardashian" du Pakistan : Qandeel Baloch a été retrouvée morte vendredi 15 juillet 2016 au domicile de ses parents dans la province de Pendjab, au Pakistan. La jeune femme de 26 ans a été assassinée par son frère selon les médias locaux. Fouzia Azeem de son vrai nom était une véritable star sur Instagram, Twitter et Facebook. Son meurtrier s'est vanté de son crime, qu'il estime avoir commis parce que sa sœur avait sali l'honneur et la dignité de sa famille en publiant des photos d'elle qu'il jugeait dégradantes et "intolérables".

Qandeel Baloch avait pour habitude de publier des vidéos en faveur de l'égalité hommes/femmes, contre le sexisme et le machisme. Pour ses opinions et sa liberté d'expression, son frère l'a étranglée dans son sommeil. Un crime dont il ne se cache même pas. L'affaire n'a pas tardé à faire le tour du monde, provoquant la colère des internautes. D'autant plus que la femme avait alerté les autorités 3 semaines auparavant, alors qu'elle avait reçu des menaces de mort anonymes.

 

#qandeelbaloch

Une photo publiée par Qandeel Baloch (@qandeelbalochquebee) le


Pourtant, ce meurtre n'est pas un cas isolé dans le pays où des milliers de femmes sont assassinées chaque année pour avoir "déshonoré" leur famille, selon la Commission nationale des Droits de l'Homme. La pratique est courante, mais qu'implique-t-elle réellement ? Un crime d'honneur désigne selon l'ONG Human Rights Watch "des actes de violence, le plus souvent des meurtres, commis par les membres masculins d'une famille à l'encontre de ses membres féminins, lorsqu'ils sont perçus comme cause de déshonneur pour la famille tout entière." Le journal pakistanais en anglais Dawn explique ces meurtres en constatant : "La société justifie généralement cette violence en pointant des aspects de leur personnalité." Trop dénudée, sans voile, provocante... autant de qualificatifs qui poussent ces hommes paternalistes à commettre l'impensable. Les crimes d'honneur sont pourtant de plus en plus dénoncés, comme dans ce récent court-métrage intitulé Une fille dans la rivière, le prix du pardon ​​​de Sharmeen Obaid Chinoy. Le Premier ministre, Nawaz Sharif, s'était engagé à lutter contre ce fléau en février 2016. Force est de constater qu'aucune disposition n'a encore été prise. Des lois ont été votées pour punir les violences domestiques, les attaques à l'acide ou les mariages forcés, mais elles ne sont pas toujours respectées. Aucune législation pakistanaise n'existe à ce jour pour punir ces crimes d'honneur.

Qandeel Baloch se moque de la misogynie pakistanaise ambiante dans cette vidéo :