Le viol enfin reconnu comme crime de guerre

En 2002, les troupes de Jean-Pierre Bemba ont été envoyées en République centrafricaine en soutien au président, alors menacé par un coup d’état. Les soldats ont, sans scrupules, attaqué, violé et tué des civils. Des faits pour lesquels leur chef est aujourd’hui condamné.

Le viol enfin reconnu comme crime de guerre
© Jerry Lampen/AP/SIPA

Jean-Pierre Bemba, dirigeant des milices expédiées en Centrafrique en 2002, a été jugé coupable, le 21 mars 2016 par la Justice internationale, de crimes de guerre et crimes contre l'humanité pour les viols et les meurtres que les soldats ont commis sur plus de 5000 civils alors qu'ils étaient sous ses ordres. Le Procureur de la Cour pénale internationale à La Haye, Mme Fatou Bensouda, s'est félicité de cette décision dans un communiqué : "Cette affaire est d'autant plus intéressante qu'elle souligne la nécessité absolue de mettre un terme aux crimes sexuels et à caractère sexiste utilisés comme arme de guerre." Pour rappel, les viols sont tristement courants en temps de guerre : au Soudan du Sud par exemple, ces agressions faisaient même office de salaires pour les soldats qui s'en donnaient à coeur joie. Cependant, même s'il n'y a pas pris part, la juge Sylvia Steiner a estimé que Jean-Pierre Bemba avait "le contrôle effectif de ses troupes en Centrafrique pendant toute la durée de l'opération" puisqu'il était en communication directe avec elles.
C'est donc la première fois qu'un chef militaire est reconnu coupable des actes commis par ses subordonnés, un jugement qualifié de "victoire historique" par Amnesty International. Il risque, au minimum, 30 ans de prison. Une nouvelle qui, même si elle ne répare pas les dommages causés, reste encourageante.

Jean-Pierre Bemba © Jerry Lampen/AP/SIPA