En prison, les femmes n'échappent pas à la discrimination

Un avis rendu par la contrôleure des prisons jeudi 18 février 2016 dénonce les conditions dans lesquelles sont détenues les femmes en France. Il fait état de nombreuses discriminations, notamment en ce qui concerne le maintien des droits familiaux.

En prison, les femmes n'échappent pas à la discrimination
© Kaspars Grinvalds

Comme n'importe quel citoyen, les détenus ont des droits, qui ne disparaissent pas du seul fait de leur incarcération. Ceux des femmes emprisonnées, qui représentent une minorité de la population carcérale (3,2 %), sont pourtant souvent bafoués. C'est le constat alarmant dressé par Adeline Hazan, contrôleure générale des lieux de privation de liberté, dans un avis rendu jeudi 18 février 2016. Le texte liste les discriminations dont sont victimes les prisonnières et assure que la première d'entre elle est géographique. En France, seules 43 maisons d'arrêt et centres pénitentiaires, principalement implantés dans le Nord, ont un quartier réservé aux femmes et on ne trouve que deux établissements exclusivement féminins, à Rennes et à Fleury-Mérogis. Une répartition qui éloigne souvent les femmes de leur famille et alimente la surpopulation carcérale. Une condamnée à Marseille peut ainsi être contrainte de purger sa peine en Bretagne. 
Le rapport d'Adeline Hazan souligne aussi que "les locaux réservés aux femmes sont souvent plus réduits que ceux des hommes, les intervenants moins nombreux et les équipements plus sommaires". Parce que les femmes détenues n'ont pas le droit de côtoyer des prisonniers hommes, elles n'ont qu'un accès restreint aux terrains de sport ou aux bibliothèques.

Des mesures de sécurité "attentatoires à la dignité" des détenues 

Le rapport déplore aussi une répartition des activités qui contribue à reproduire certains stéréotypes. Alors que "les hommes ont accès à des activités professionnelles de production et pratiquent le sport en extérieur, les femmes ne peuvent souvent que travailler au service général : cuisine, buanderie, entretien des locaux". Adeline Hazan plaide pour l'introduction d'une plus grande mixité, afin que les femmes aient accès à des activités plus variées. Un assouplissement qui serait décidé au cas par cas. La mixité est également un facteur de réintégration dont l'importance n'est pas négligeable. 
En matière d'hygiène, le texte souhaite que les détenues accèdent plus facilement aux soins gynécologiques ou disposent de "kits hygiène". Adeline Hazan dénonce par ailleurs des mesures de sécurité parfois "attentatoires à leur dignité". Elle veut mettre fin à la règle qui impose aux femmes de retirer leur soutien-gorge pendant les gardes à vue et rappelle que "les examens gynécologiques doivent avoir lieu sans menottes et hors présence du personnel pénitentiaire". 
Le rapport a été transmis aux ministères de la Justice, de l'Intérieur et des Affaires sociales et de la Santé qui ont désormais deux semaines pour formuler des observations.

© Kaspars Grinvalds