Bébés échangés : 2 millions d'euros pour les familles

En 1994, deux fillettes ont été interverties quelques jours après leur naissance. Vingt ans après, la clinique à l'origine de l'erreur a été condamnée à verser près de 2 millions de dommages et intérêts aux familles.

C'est le scénario de La vie est un long fleuve tranquille. A Cannes, deux bébés ont été échangés à la naissance, en 1994. Les parents, qui s'en sont rendu compte dix ans plus tard, ont alors poursuivi en justice la maternité. Ils réclamaient 12 millions d’euros de dommages et intérêts. Pour Sophie Serrano, mère et victime de cet échange, interrogée sur Europe 1, "12 millions d’euros, c’est important, bien sûr, mais au même titre que le mal que l’on nous a fait qui, lui, est inestimable". Le tribunal de grande instance de Grasse leur a finalement accordé, mardi 10 février, 1,88 millions d’euros. D'après Nice Matin, les deux filles recevront 400 000 euros chacune, chacun de leur parent 300 000 euros et les frères et soeurs 60 000 euros. Le tribunal a indiqué avoir condamné la Clinique Internationale de Cannes et la Société hospitalière d’assurances mutuelles (SHAM) pour le préjudice moral causé et "en réparation des préjudices consécutifs au manquement à cette obligation de résultat".
Retour en 1994. En juillet, peu après leur naissance, deux fillettes sont atteintes d’une jaunisse. Elles sont alors placées sous lampes UV, tête-bêche dans la même couveuse. Une auxiliaire puéricultrice, dont l’alcoolisme a été révélé quelque temps après, échange les bébés par mégarde au moment de les rendre aux parents. L’erreur ne sera révélée que dix ans plus tard, par test ADN : en 2004, la famille Serrano apprend que sa fille est en fait l’enfant biologique d’un autre couple. Si Sophie Serrano accepte de s’exprimer sur l'affaire, l’autre famille préfère garder le silence. Interviewée par Europe 1 à l'issue du procès, la mère de Manon Serrano parle d'"années d’angoisse". "Nos vies ont été bouleversées par cette histoire (…) je n’ai pas pu continuer à travailler. Cela a été une descente aux enfers", a-t-elle déclaré à l’antenne. Avant d'ajouter qu'elle se sentait désormais soulagée par cette "immense reconnaissance".