Myopie : définition, vision de l'oeil, peut-elle disparaître ?

Myopie : définition, vision de l'oeil, peut-elle disparaître ?

La myopie est le trouble visuel réfractif le plus fréquent dans le monde. Mais c'est- quoi concrètement ? Comment voit l'oeil myope ? Schéma, infos et conseils pour tout savoir sur la myopie.

La myopie est un trouble de la vision qui tend à augmenter dans le monde. Elle est surtout présente dans les pays asiatiques, pour atteindre à Singapour et à Taïwan plus de 80% dans certaines populations de jeunes enfants scolarisés, rapportait la Société française d'ophtalmologie en 2019. 

Quelle est la définition de la  myopie ?

Le terme "myopie" vient du grec "muopia" qui signifie "je ferme un oeil" en référence à l'attitude des personnes myopes qui, pour voir mieux de loin, ont tendance à fermer en partie leurs yeux. La myopie est donc un trouble de la vision et plus précisément décrit comme un trouble de la réfraction, c'est-à-dire de la convergence des rayons lumineux à travers les différentes structures de l’œil. La myopie apparaît généralement à l'enfance, entre 8 et 12 ans, et progresse lentement avec l'âge pour se stabiliser vers 20-25 ans. Une apparition tardive de la myopie doit faire penser à une cataracte débutante. Les myopies les plus fréquentes (oeil trop long) sont les myopies axiles. 

On distingue trois niveaux de myopie :

  • la myopie légère est comprise entre - 0,25 à - 2,50 dioptries,
  • la myopie moyenne est comprise entre - 2,75 à - 6 dioptries,
  • la myopie forte est comprise entre - 6 dioptries et au-delà. Dans ce cas, l’œil est plus long et peut engendrer des complications (incidence précoce des cataractes, risque accru de glaucome). Cette myopie pathologique expose à une baisse d'acuité visuelle avec le temps, malgré une correction optique.

La myopie peut-elle disparaître ?

Hors chirurgie de la myopie ou de la cataracte, une myopie très légère peut disparaître en vieillissant.

Comment voient les personnes myopes ?

Les personnes myopes voient flou de loin et parfaitement net de près. "Mais, il est très difficile d'intégrer que l'on voit mal de loin parce que le cerveau travaille et essaie de faire voir les choses. Si on ne dépiste pas la myopie, il n'y a souvent pas de symptômes chez l'enfant qui ne se rend pas compte que sa vue est dégradée, son pouvoir accommodatif est énorme." 

Qu'est-ce que la myopie évolutive ?

"Lors d'une myopie évolutive, l'enfant voit sa myopie augmenter de manière très rapide et perds plusieurs dioptries en l'espace de quelques mois : la longueur axiale de l’œil augmente très vite, l’œil s'allonge comme un ballon de rugby" explique le Dr Xavier Subirana, ophtalmologiste. "C'est une vraie course contre la montre" poursuit-il. L'objectif est de mener un suivi très régulier afin de freiner la progression de la myopie et éviter qu'elle ne dépasse les 6 dioptries. Le fait d'avoir au moins un parent myope, sinon les deux, augmente les risques de myopie évolutive.

Un enfant dont les parents sont myopes a plus de chances d'être atteint de myopie à son tour.

Quelles sont les causes de la myopie ?

La myopie est généralement due à un œil trop long, ou à une cornée trop courbée. Avec un œil normal, l'image perçue est formée sur la rétine. En revanche, dans le cas d'un œil myope, les objets sont projetés devant la rétine. Un cristallin trop puissant, un kératocône ou certaines cataractes peuvent rendre myopes. Dans le cas de très forte myopie, des lésions dégénératives du fond de l'œil (choroïde, sclérotique et rétine) s'ajoutent à l'anomalie de l'œil. Ce trouble visuel est causé par des facteurs génétiques et environnementaux. Un enfant dont les parents sont myopes a plus de chances d'être atteint de myopie à son tour. La myopie serait également favorisée par le manque d'exposition à la lumière du soleil et par la pratique intensive d'activités à l'intérieur ou encore par une position trop rapprochée de l'écran d'ordinateur.

schéma myopie
Schéma de la myopie © rob3000 - stock.adobe.com

Quels sont les symptômes de la myopie ?

Les personnes myopes voient flou de loin et net de près. Parmi les signes d'appel : l'enfant fatigue rapidement, il peut avoir des maux de tête, une mauvaise vision de loin au tableau ou une lecture rapprochée des livres et des cahiers. Les myopies moyennes et fortes (au dessus de 6 dioptries) peuvent engendrer des complications : déchirure de rétine et décollement de rétine, atrophie choroïdienne ou choroïdose myopique, glaucome, cataracte…

Comment faire le diagnostic de la myopie ?

La myopie est généralement détectée à l'enfance ou à l'adolescence. Rares sont les personnes chez qui les premiers signes de myopie apparaissent à l'âge adulte. Des visites de contrôle régulières chez un ophtalmologiste permettent de diagnostiquer une myopie et d'en évaluer le niveau de gravité de manière précoce. "Comme les enfants ont un fort pouvoir accomodatif, les ophtalmologistes demandent souvent à les revoir sous cycloplégique, un produit qui bloque temporairement l'accommodation et qui permet de corriger la myopie de manière adéquate" explique le Dr Subirana. Ils mesurent également la longueur axiale, c'est-à-dire la longueur entre la cornée et la rétine afin de pouvoir surveiller la myopie. Le suivi de l'enfant myope doit donc être très régulier. L'adulte jeune consultera tous les 2  ans et tous les ans ensuite, surtout s'il souffre d'une forte myopie afin de prévenir d'éventuelles complications.

Quels sont les traitements de la myopie ?

Il est possible de freiner la myopie progressive avec :

  • L'orthokératologie, c'est-à-dire des lentilles rigides à porter la nuit. "Elles sont à mettre tous les soirs et il faut que les personnes dorment sur le dos et ne bougent pas durant la nuit afin que la lentille reste en place" précise le Dr Subirana
  • Des lunettes en double foyer avec des prismes qui donnent des résultats modérés.
  • Des lentilles souples qui fonctionnent sur la base de la défocalisation de l'image.

"On décide au cas par cas selon le caractère de l'enfant et sa faculté d'observance du traitement" précise le médecin. Des recherches sont en cours sur des traitements à base d'atropine qui permettraient de freiner la myopie. Il convient également au quotidien de respecter une certaine distance avec les écrans et pratiquer des activités en extérieur de manière quotidienne. "La correction ne se fait que lorsque la myopie est stabilisée" signale le spécialiste. On utilise ainsi des lunettes et des lentilles adaptées à la vue de la personne.

En quoi consiste l'opération de la myopie ?

L'objectif de l'opération de la myopie apparue dans les années 1980 est de corriger les défauts réfractifs de l'œil en sculptant de manière adéquate la cornée et permettre de recouvrer une vue quasi normale et se passer de correction. Il s'agit soit de chirurgies cornéennes durant lesquelles la cornée est "sculptée" au laser, soit de chirurgies intraoculaires, avec mise en place d'un implant en avant du cristallin ou remplacement de cette lentille naturelle de l'œil qui perd de sa transparence avec le temps. Avant l'opération, le patient doit faire un bilan pré-opératoire et un entretien médical afin de s'assurer qu'il est éligible à ces techniques et qu'il ne risque pas d'effet indésirable. L'intervention se fait généralement sous anesthésie locale : l'œil est insensibilisé uniquement par l'instillation de gouttes ou éventuellement par des injections autour de l'œil. Une anesthésie générale est également possible. Le patient ressort le jour même avec les consignes du chirurgien. La chirurgie de la myopie est considérée comme une opération de confort, elle n'est donc pas remboursée par la Sécurité sociale. Certaines mutuelles prennent cependant une partie des frais en charge. Ceux-ci varient de 3 000 à 3 500 euros pour les deux yeux, frais de clinique compris.

Laser et myopie

Plusieurs types de lasers peuvent être employés dans la chirurgie réfractive. Les lasers sont des dispositifs médicaux. Ils possèdent de ce fait un marquage CE obtenu à la suite d'une certification délivrée par un organisme appelé "organisme notifié". Parmi les techniques chirurgicales pratiquées, la technique Lasik représente plus de 85 % des interventions pratiquées en France.

Elle s'effectue en trois temps chirurgicaux :

  • La découpe préparatoire du volet qui, une fois soulevé, expose la surface de la cornée à traiter. Cette découpe se fait par une lame mécanique, aussi appelée microkératome (désormais moins utilisé) ou par un laser femtoseconde.
  • La sculpture du tissu cornéen au "laser excimer" ; la forme de la sculpture est adaptée au défaut à corriger.
  • Le replacement du volet cornéen sur l'œil, sans suture.

Quoique jugée efficace et largement répandue, cette technique présente des limites :

Les résultats de cette chirurgie ne sont pas toujours définitifs.

La nécessité d'avoir encore à porter des lunettes ou des lentilles ne peut être totalement exclue.

En effet, la correction du patient évolue naturellement selon son âge et il devra peut-être porter des lunettes plus tard, notamment en cas de presbytie. La nécessité d'avoir encore à porter des lunettes ou des lentilles ne peut être totalement exclue. Le résultat est parfois imparfait et il est alors nécessaire d'effectuer une seconde intervention appelée "retouche". La sécheresse oculaire est le principal effet indésirable de la chirurgie réfractive. Plus rarement, des infections et des complications affectant le volet cornéen peuvent advenir.

Merci au Dr Xavier Subirana, ophtalmologiste.