Dimitri Storoge, un drôle de Loulou

Dans Belle et Sébastien, série culte de toute une génération, Dimitri Storoge est Guillaume, un docteur qui veille sur Sébastien et met sa vie en péril pour aider les autres. Un gentil personnage aux antipodes des méchants gangsters auxquels l'acteur-comédien nous a habitués. Multi-casquettes capable de tout jouer, au cinéma, à la télévision ou au théâtre, Dimitri Storoge ? Passionné, préfère-t-il

Dimitri Storoge, un drôle de Loulou

JournalDesFemmes.com : Acteur, comédien, une vocation ?
Dimitri Storoge : Non, pas vraiment. Je ne me suis pas réveillé à 6 ans en disant "je veux devenir acteur". Petit, je me rêvais pompier, avocat, policier... J'ai mis du temps à réaliser que je voulais être le personnage que j'avais vu la veille à la télé. J'ai commencé par des études de droit, j'ai fait un peu d'anglais, puis pas mal de "petits" boulots, barman, serveur, plongeur, manutentionnaire. En parallèle, je suivais en dilettante les cours Florent. C'est lorsque j'ai intégré le Conservatoire national d'art dramatique que ça a commencé à se concrétiser, à devenir une évidence.

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Dimitri Storoge est le Docteur Guillaume dans Belle et Sébastien  © Eric Travers / Radar Films, Epithète Films et Gaumont

Quel a été votre premier grand rôle ? 
Le prochain ! (rires) Loulou, dans Ni pour ni contre (bien au contraire), de Cédric Klapisch. J'avais interprété Lancelot du Lac au théâtre avant, mais c'était plus confidentiel. Malheureusement, le film n'a pas marché, et j'ai dépensé tout l'argent que j'avais gagné très... trop vite. Les 3/4 films qu'on m'avait proposé ne se sont pas faits. Du coup, je suis retourné faire l'agent immobilier après ! 

Jusqu'à présent, on vous a surtout vu dans des personnages de gangsters (Loulou dans Ni pour ni contre, Momon dans Les Lyonnais, ndlr). Dans Belle et Sébastien, vous interprétez Guillaume, un gentil docteur. Un rôle qui vous ressemble ? 
Oui parce que dans la vie, je ne braque pas les banques, je ne suis pas un voyou et je suis plutôt calme et sympathique (rires). A vrai dire, je ne fais pas des rôles pour me rapprocher de moi. Mais c'est vrai que lorsque Nicolas Vanier m'a proposé d'interpréter le Docteur Guillaume, je me suis précipité parce que j'avais envie de jouer un mec bien ! C'était une première et je l'ai fait avec beaucoup de plaisir. 

Tourner avec un enfant, est-ce plus contraignant ? 
C'est drôle parce qu'on a beaucoup dit à Nicolas que les trois choses les plus difficiles dans le cinéma c'était de tourner avec un animal, un enfant et dans un décor naturel. Il a fait les trois et sur trois saisons. C'était un projet ambitieux mais quand on signe pour Belle et Sébastien on sait dans quoi on s'embarque ! Pour ma part, on m'avait dit que c'était hyper dur parce qu'un enfant te vole la vedette et qu'il se fatigue plus vite. C'est sûr qu'il retient l'attention parce qu'il est mignon mais comme tout le monde, il peut être mauvais. Je crois qu'on se fait voler la vedette quand on rentre dans un espèce de concours d'égo, et ce n'est pas mon cas. Félix Bossuet (Sébastien dans le film, ndlr) a été un partenaire comme les autres.

Et tourner avec un chien ? 
C'était plutôt lui la vedette ! Sur un plateau, un animal ne doit avoir de contacts qu'avec les personnes avec lesquelles il joue. Il ne doit pas être distrait au moment d'une prise. Pendant le tournage, quand le chien avait une scène et qu'il arrivait sur le plateau, on ne devait surtout pas attirer son attention. C'était un peu "le chien arrive, le chien arrive" et personne ne devait le regarder dans les yeux. Genre, la superstar qui arrive sur le plateau ! Mais la vraie diva du film, c'était surtout la montagne. La météo n'était pas toujours clémente, on devait en permanence s'adapter.

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Belle et Sébastien de Nicolas Vanier, en salles le 18 décembre 2013 © Radar films/Epithète films/Gaumont/M6 films/Rhône Alpes Cinema

Vous n'avez pas eu trop d'appréhension de jouer dans Belle et Sébastien, série culte des années 60 ?  
Pas vraiment. Je n'ai pas connu le mythe car ce n'était pas de ma génération. Medhi El Galoui qui jouait Sébastien dans la série, joue dans le film. Il a donné son aval, et par ricochet celui de sa mère, Cécile Aubry. Et puis, ce n'est pas un remake, c'est une réinterprétation. A vrai dire, la pression je l'ai maintenant que le film est sorti !

Le film se déroule dans les montagnes. Vous, vous êtes plutôt grand espace ou bitume ? 
Bitume ! Métro, pots d'échappement. Je sors de temps en temps de Paris, je vais à Montreuil dés fois (rires).

Vous êtes même allé jusqu'à Marseille, pour tourner dans No Limit ! Pourquoi avoir accepté  de jouer dans une série télévisée ?  
Pour pleins de bonnes raisons. Pour les producteurs, le personnage, la première saison que j'ai beaucoup aimée, pour Marseille, pour Vincent Elbaz, Tcheky Karyo. Et parce que je trouvais ça intéressant, de faire quelque chose de "populaire". J'ai du mal à saisir le mépris qu'il peut y avoir sur le discours "c'est sur TF1, c'est Luc Besson, donc ce n'est pas bien". Je trouve ça dommage que ça en rebute certains alors que cette une série inventive, picaresque qui mélange comédie et action. No limit, c'était une super expérience.

A tel point que vous l'avez même partagée dans une chronique sur le Huffington Post. Une démarche surprenante... 
J'ai trouvé que c'était une excellente idée. C'était un peu impressionnant parce que ce n'est pas mon métier. Mais je trouvais ça intéressant de partager mon expérience autrement qu'en interview. 

Vous évoquez aussi Marseille...
J'adore cette ville. C'est regrettable qu'on en parle que pour sa violence, alors que c'est une ville pleine de surprises. Je la trouve hyper cinématographique, il y a des quartiers très différents, on peut tourner à chaque coin de rue. 

Vous y vivriez ? 
Pourquoi pas. C'est dans un coin. Je suis même en train de lancer un truc dans le cinéma français pour qu'on transforme Marseille en Hollywood ! (rires)

Vous avez "no limit" pour...
Je n'ai plus no limit depuis que j'ai des enfants ! Si, j'ai no limit dans la patience...

Vous serez prochainement à l'affiche de Roméo et Juliette, au théâtre de la Porte Saint-Martin, mis en scène par Nicolas Briançon. Cinéma, télévision, théâtre. Vous êtes multi-casquettes ?
Non, j'aime tout faire ! 

Roméo et Juliette, ça représentait quoi pour vous, adolescent ?
Franchement... pas grand chose ! C'était deux "relou" qui n'arrivaient pas à s'aimer, quelque chose de triste. Longtemps je me suis interdit de voir le film de Baz Lurhman parce que ça m'énervait toutes ces filles hystériques devant Leonardo Di Caprio. Bon, j'étais ado. J'ai redécouvert l'histoire sur le tard, grâce à ma campagne qui m'a vraiment fait découvrir le personnage de Mercutio. Jolie coïncidence puisque c'est le personnage que j'incarne. 

Vous n'auriez pas préféré incarner Roméo ? 
Non, parce que j'ai jamais joué Roméo, parce que je suis trop vieux (rires) et parce que ma compagne a un fils qui s'appelle Mercutio. Quand je suis parti aux essais elle m'a dit "Si tu ne l'as pas, je te quitte" ! Je n'avais pas vraiment le choix (rires)

Le jeu est-il différent au théâtre ? 
Oui et non. Dans les deux, on a des partenaires. Sur les deux scènes, on se fait ses gros plans. La différence vient surtout du bonheur que procurent les répétitions théâtrales. Malheureusement, au cinéma et à la télé, c'est plus rare parce qu'il faut aller plus vite. On est moins dans un cocon qu'au théâtre, parce qu'il y a aussi des contingences extérieures. 

Votre Juliette, comment l'avez-vous séduite ?
Je l'ai attachée dans un parking, elle n'a pas eu le choix (rires). Non, il faudrait lui poser la question ! 

La chose la plus folle que vous avez faite par amour ? 
C'est une question piège. C'est terrible de ne pas savoir quoi répondre parce que tu as l'impression de rien avoir de fou par amour ! Non, en vrai je ne peux pas le dire.

Et mourir par amour ? 
Plus quand on a des enfants. 

Vous avez un tatouage mea culpa sur le torse. Vous vous excusez de quoi ?
Comme ça c'est dit, on peut passer à autre chose

La Storoge's touch ? 
Ma moto, qui fait beaucoup de bruit et que j'adore. 

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Dimitri Storoge © © Cyrille George Jerusalmi