Valérie Bonneton vous embrasse

Elle triomphe à la télé dans "Fais pas ci, Fais pas ça" et depuis quelques jours, au cinéma, dans le film "Des Gens qui s'embrassent". Rencontre avec Valérie Bonneton, anti-star qui conjugue à merveille talent d'interprète et humour vachard.

Valérie Bonneton vous embrasse

Sincère, simple, pertinente, Valérie Bonneton n'est pas du genre à jouer les divas, mais à l'écran, l'ex-compagne de François Cluzet incarne aussi bien les bourgeoises maniérées que les femmes délaissées.
Molière de la meilleure actrice pour "Le Dieu du ­Carnage" de Yasmina Reza, douce héroïne des "Petits mouchoirs" de Guillaume Canet, cette actrice géniale illumine la dernière comédie romantique de Danièle Thompson. Confidences.

Vous être originaire de Somain, dans le Nord, une région à laquelle vous restez attachée ?
Valérie Bonneton : Oui, au gens surtout, chaleureux, généreux, vrais. Ma famille que j'aime énormément habite toujours là-bas. Je les embrasse.  

Comment décririez-vous votre éducation ?
Saine, équilibrée, stricte, aussi. Mes parents ne nous ont pas chouchoutés, endormis, mais ils nous ont encouragés à développer nos talents.

Vous ne venez pas d'un milieu artistique...
Mon père était directeur d'usine, puis assureur. Ma mère s'occupait de nous, ses trois enfants. Elle nous a permis de faire de la danse, de la musique. Aujourd'hui, ma sœur est psychologue, mon frère travaille dans la climatisation. Ce n'est pas forcément glamour, mais nous sommes tous très créatifs.

Adolescente, aviez-vous un modèle ?
J'admirais Romy Schneider que je trouvais sublime. Elle incarnait la féminité, la beauté, une vérité. Elle me fascinait. Je n'allais jamais au cinéma, alors je voyais ses films à la télé...

Vous avez choisi un tout autre registre...
C'est toujours une souffrance de s'exprimer, mais j'ai opté pour le comique, pas le tragique. Je suis d'une nature drôle. J'aime faire rire, trouver le décalage dans les situations.

Qu'est-ce qui vous a orientée vers la comédie ?
Toute jeune, j'ai eu envie d'avoir une vie d'adulte exceptionnelle. Au collège, j'ai joué Scapin de Molière et j'ai ressenti un plaisir fou. J'ai passé mon bac, et j'étais obsédée par le Conservatoire. Je pensais au théâtre, pas du tout à une carrière cinématographique. Je ne voulais pas être une vedette, je voulais être une artiste. Je pense avoir réussi. C'est une liberté, une chance immense que j'ai de pouvoir incarner tous ces personnages.

Comment faites-vous pour durer ?
Je fais les bons choix et surtout je n'ai pas besoin de travailler en permanence. J'ai besoin de prendre mon temps, pour me ressourcer, me nourrir.

Qu'est-ce qui plaît chez vous ?
Les gens me disent "restez comme vous êtes, vous êtes tellement naturelle". En effet, je ne calcule rien.

Qu'est-ce que vous aimez chez vous ?
C'est difficile. Je ne suis pas dingue de moi, mais je m'améliore. Disons que je suis très droite. Je suis une femme de devoir. J'ai été éduquée comme ça. Je préfère me faire avoir que d'entourlouper les autres. Et je pense que je sais tenir un foyer.

Que voudriez-vous changer ?
Ma tête ! (elle rit). J'aimerais avoir davantage confiance en moi, être meilleure. Et c'est un défaut parce que le mieux et l'ennemi du bien.

Et votre corps, vous l'aimez ?
Ça va, je ne me plains pas. Certes, je ne suis pas Monica Bellucci, mais je suis plutôt contente, je peux tout jouer avec mon physique passe-partout, à la fois banal, mais avec son originalité.

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Valérie Bonneton dans "Des Gens qui s'embrassent" © Emilie de la Hosseray/ Pathé Distribution

Vous êtes svelte et élancée, vous faites attention ?
Je n'ai jamais fait de régime. Je suis une adepte du sport, notamment la natation. Et j'ai toujours été très mince parce que j'ai appris à bien manger. Je n'ai jamais vu de bonbons, de gâteaux ou de sodas à la maison, que les légumes du jardin.

Quelle est votre recette fétiche ?
Aimer les gens pour lesquels je cuisine.

Qu'est-ce que vous chantez sous la douche ?
Tout et n'importe quoi. Ce matin c'était Carmen de Bizet, je suis très lyrique.

Un rôle que vous rêveriez de jouer ?
Une femme ordinaire qui bascule dans la folie.

C'est une angoisse, pour vous, de perdre pied ?
J'ai du recul vis-à-vis du métier, c'est par rapport aux autres, aux proches. Je doute de moi dans la vie, je suis mal à l'aise dans la discussion, mais je suis nettement plus assurée sur scène ou devant les caméras.

Vous semblez pouvoir tout tourner en dérision...
Vers 30 ans, j'étais maladivement timide, je rougissais pour un rien, je tremblais. Je fermais quinze fois les portes, je vérifiais s'il n'y avait personne dans les placards... Il faut dire que je n'avais aucun succès. J'ai appris à relativiser. Tenir le haut de l'affiche, ce n'est pas important. Si je n'avais pas percé, j'aurais fait autre chose qui m'aurait rendue heureuse. Je suis concrète, manuelle, je fabriquais des vêtements pour mon petit garçon (elle est maman de Joseph, 11 ans, et Marguerite, 6 ans, qu'elle a eus avec François Cluzet, ndlr) et j'adorais ça.

Est-ce que vous êtes trop payée ?
Je ne pense pas. C'est un métier à risque. J'ai galéré. Pendant quatre ans, les rôles me passaient sous le nez. A 43 ans, je commence seulement à être sollicitée.

De quelle personnalité pourriez-vous tomber amoureuse ?
Je suis difficile à séduire. J'ai besoin de rencontrer quelqu'un avec un caractère fort. Même si la personne n'a pas un discours extraordinaire, il faut qu'elle soit courageuse. Je cherche un héros du quotidien et, franchement, j'aimerais bien le trouver !

C'est un SOS ?
Un peu, j'avoue.

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Affiche du film "des Gens qui s'embrassent", en salles le 10 avril. © Pathé Distribution

Et pour reprendre le titre du film, qui aimeriez-vous embrasser ?
Celui que je vais rencontrer. Surtout pas un acteur ! Barack Obama, peut-être. Il est sexy, non ?

Portrait chinois :

Si vous étiez un film : La Vie est Belle, Frank Capra
Une chanson : Natural Woman d'Aretha Franklin
Un animal : une girafe
Une odeur : la vanille
Un plat : la ratatouille de Nicole, à La Petite Maison, à Nice
Une drogue : le piano
Si vous étiez un homme : celui qui va m'aimer.