Frédérique Bel : "Une femme peut être sexy et drôle sans forcément dégrader son image" "Ma persévérance a payé"

frédérique bel dans 'les nuits rouges du bourreau de jade'
Frédérique Bel dans "Les nuits rouges du bourreau de Jade" © Les nuits rouges du bourreau de Jade

Avec cette blonde-là, on n'est pas à la minute près ! Arrivée en retard au rendez-vous, lunettes de star vissées sur le nez et style à la Kate Moss, Frédérique Bel se dit d'emblée affamée. C'est en dévorant un gigantesque hot-dog qu'elle se prête au jeu des questions pour le Journal des Femmes. Fidèle à son personnage de blonde déjantée qu'elle a interprété pendant deux ans dans "La minute blonde" pour Le Grand Journal de Canal Plus, l'actrice nous parle de son parcours et de ses projets. Prochainement à l'affiche du film hongkongais "Les nuits rouges du bourreau de Jade", où elle tient le rôle d'une femme fatale et meurtrière, elle jubile à l'idée de montrer une nouvelle facette de son jeu. Ni tout à fait elle, ni tout à fait blonde, Frédérique Bel interpelle. Interview.


Quels sont vos projets ?
Je pars en ce moment sur le tournage d'Olivier Dahan "Les seigneurs", qui parle d'une équipe de foot en Bretagne. Ensuite, je tourne dans la série "Fais pas ci, fais pas ça" sur France 2 et j'enchaîne avec le film de Frédéric Beigbeder. Parallèlement, je suis en train d'écrire une comédie tragique qui me prend pas mal de temps. J'écris par plaisir et cette activité me remplit d'énergie. Et puis, je vais assurer la promo des "Nuits rouges du bourreau de Jade", qui sort fin avril. C'est un thriller hongkongais très esthétique, presque une œuvre d'art qui respecte les femmes et les sublime. Ce film m'a rassurée sur ma capacité à pouvoir jouer autre chose... Il fallait que je tourne en Chine avec des réalisateurs qui ne me connaissaient pas comme une "actrice comique" pour que l'on me propose un rôle de blonde hitchkockienne, grave et sensible.

"Les misogynes ont voulu m'enfermer à vie dans le rôle de blonde un peu nunuche"

Comment s'est passé le tournage de votre dernier film "Au Bistrot du coin" avec Fred Testot ?
C'était très drôle et détendu ! J'ai fait beaucoup de belles rencontres durant ce tournage. Fred est quelqu'un de très généreux et c'est suffisamment rare dans le milieu du cinéma pour le souligner. J'y joue une pauvre fille aux cheveux gras, avec des grandes dents dans un univers de piliers de bar...

Comment vous est venue l'envie de créer ce personnage loufoque de Dorothy Doll dans "La minute blonde" de Canal Plus ?

Après avoir fait une fac de lettres jusqu'au niveau licence, je me suis lancée dans le mannequinat pendant quelques années. Avec le temps, je trouvais que ce métier manquait cruellement de créativité, alors que j'ai constamment besoin d'inventer. C'est pour cette raison que j'ai décidé de créer le personnage de Dorothy Doll, une blonde un peu pathétique et surtout drôle (à l'image de l'humour des Monty Python que j'adore). J'ai proposé mon concept pendant trois ans, sans succès. Ce fut harassant mais instructif : ma persévérance a payé.

Pensez-vous que ce rôle vous a lancée ?
Ce rôle m'a ouvert une porte, c'est sûr. Et grâce à Dorothy Doll, j'ai prouvé que l'on pouvait être "belle et drôle" à la fois. Je pense avoir véhiculé cette idée dans l'univers du comique. Par contre, à cette époque, j'ai reçu beaucoup de critiques de la part de féministes qui pensaient que j'avilissais l'image de la femme avec ce rôle. Je continue de croire qu'une femme peut être sexy et drôle sans forcément dégrader son image.

Une mauvaise période de votre vie ?

Avec le recul, je pense que les journalistes ont beaucoup fait l'amalgame entre moi et ce personnage de blonde clichée. C'est dommage... Pourtant j'assume pleinement mon style décalé. C'est la meilleure façon d'être moi-même et je suis très heureuse de voir que cet humour féminin sexy soit devenu un style récurrent de la chaîne Canal Plus. Je remarque que les nombreuses miss météo ont repris une partie du concept et du ton de Dorothy Doll. Vive l'humour sexy !

 

Votre avenir, vous l'envisagez au cinéma ? La télé ne vous manque pas ?

La télé, le cinéma, le court métrage, ce ne sont que des supports. Je choisis les projets, pas les supports, car je n'ai pas le snobisme d'en mépriser. J'aime le côté gratuit et démocratique de la télé, et le côté artistique et pointu du cinéma. Mais depuis mon expérience un peu traumatisante où les misogynes ont voulu m'enfermer à vie dans le rôle de blonde un peu "nunuche", je passe mon temps à brouiller les pistes, changer de genre et de personnage... Je vais à mon rythme, je ne me compare pas aux autres actrices, je continue à apprendre de chaque film !

 

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