Vanessa Demouy et Philippe Lellouche, ensemble au Jeu de la Vérité

Vanessa Demouy et Philippe Lellouche s'aiment à la ville. Admiration sincère, profond respect : elle l'a poussé à écrire, il lui écrit des rôles sur-mesure. Réunis à l'écran dans "Le Jeu de la Vérité", ils se donnent la réplique, piquants et drôles, comme en interview !

Vanessa Demouy et Philippe Lellouche, ensemble au Jeu de la Vérité
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Vanessa Demouy et Gilles Lellouche, un couple qui fonctionne à la ville comme sur les planches. © ANTHONY HARVEY/SIPA

Il y a beaucoup de discussions problématiques autour de l'amour. Comment joue-t-on ça quand on est un couple ?
Philippe Lellouche : C'est vachement drôle en fait. On se repose les questions auxquelles, de toute façon, on n'aura jamais les réponses. Dans les rapports hommes-femmes, on est au Moyen Âge plus un quart d'heure. On évolue dans tout sauf là-dedans. Et heureusement, comme dit Vanessa, parce qu'il faut que ça reste un mystère. C'est plutôt drôle, cette pièce je l'ai écrite il y a huit ans et je n'ai pas plus les réponses qu'à l'époque. Voilà la seule réponse que j'ai, et c'est un peu l'histoire du film, c'est assez bon de trouver la femme de sa vie, et réciproquement. C'est rigolo parce qu'on voit que ça fait écho sur les gens et qu'ils se posent les mêmes questions que nous. C'est ça qui est plutôt jouissif, c'est de rire avec ce que les gens connaissent.

Justement, ça vous fait rire, parce que vous êtes bien loin de ses soucis ?
Philippe Lellouche : Non, au contraire. On est là-dedans, mais il y a cette fameuse course après la maturité ou la sagesse. La dernière fois, j'ai trouvé une citation qui m'a fait très plaisir, c'est celle de Chateaubriand "La sagesse est la voisine du tombeau". J'ai envie de continuer à rire de tout et de prendre avec le plus de légèreté et d'humour possible tout ce qui arrive. Des choses jolies, comme des choses tragiques. C'est presque un objectif de vie en ce qui me concerne. Je mets un acharnement sans nom à essayer d'être très sérieux dans des choses que je fais qui, elles, ne sont pas sérieuses, de ne pas prendre trop au sérieux ce qui ne le mérite pas. Je n'ai pas envie d'être un angoissé permanent, je veux prendre le bon de chaque jour. Donc on essaie tous les deux, tous les quatre, plus d'autres, de faire en sorte que toutes les journées soient joyeuses. C'est intéressant.
 

Vanessa, qu'en pensez-vous ? Ce n'est pas tout à fait pareil pour les femmes.
Vanessa Demouy : Je crois que la différence entre les femmes et les hommes, c'est que ces questions, elles se les posent dix ans plus tôt. Le bilan de la quarantaine, c'est le bilan de la trentaine chez une femme. C'est vrai que quand mon personnage arrive, elle a déjà fait ce travail sur elle, en plus la vie ne l'a pas épargnée. Elle a eu un parcours un peu chaotique, donc elle est déjà nourrie de ces questionnements, elle les a déjà eu, elle a déjà trouvé ses réponses. Elle sait exactement ce qu'elle vient chercher et je crois que dans la vie, c'est pareil.  Nous le déclic, on l'a beaucoup plus tôt. Alors est-ce que c'est le fait d'accéder à la maternité, ou pas d'ailleurs, mais en tout cas, hormonalement, ça se déclenche plus vite. Ils ont toujours un wagon de retard sur nous. C'est pour ça qu'on est en décalage, mais en même temps, c'est ça qui rend nos rapports si intéressants. Si on était plus en phase, on se ferait chier.

C'est François Desagnat qui réalise le film. Pas trop dur de "lâcher le bébé" ?
P.L. : Au contraire, formidable. D'abord, étant dans le film, je suis de tous les plans et ça aurait été épuisant d'essayer de faire la mise en scène : jouer, se regarder, aller au combo ...
V.D. : Et puis, ça nous a permis de nous éloigner de la pièce vraiment.
P.L. : Oui, il fallait cet œil extérieur pour nous aider à jouer juste nos personnages. Moi j'avais vraiment envie de ça. Je n'avais pas envie d'avoir la contrainte technique en plus. Je l'ai fait, je peux le faire dans des films dans lesquels je joue, mais là j'étais vraiment trop exposé pour pouvoir le faire.

Et le résultat vous plaît ?
P.L. : Beaucoup. Et on s'est très bien entendus avec François.

Quels sont les enjeux, les buts, les difficultés d'adapter du théâtre au cinéma ?
P.L. : Il ne faut pas que ça soit une captation de luxe, c'est-à-dire qu'il ne faut pas que ce soit "Au théâtre, ce soir". Il faut faire en sorte, dans la mise en scène d'élargir le huis clos. Il ne faut pas que les gens aient l'impression d'être enfermé dans un théâtre, c'est là l'enjeu. Et c'est pour ça que je l'ai confié avec plaisir à François. J'étais trop impliqué pour réussir à voir comment faire.
V.D. : Contrairement au spectacle vivant, bien que l'on soit devant les gens et que l'on ait cette proximité physique, bizarrement, il y a une intimité qui se crée grâce à la caméra, que l'on n'a pas au théâtre. Les gens doivent découvrir d'autres choses, et en même temps, ils ne doivent pas avoir l'impression d'être trahis par rapport à ce qu'ils avaient vu dans la pièce. Et j'espère que ceux qui vont découvrir le film vont regretter de ne pas être venu nous voir.

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Dans le Jeu de la Vérité, une bande de copain retrouve la bombe du lycée pour dîner. © EuropaCorp Distribution

Pour reprendre une thématique du film, avez-vous, aujourd'hui, l'impression d'avoir épousé la bombe du lycée ?
P.L. : Oui. Il faut être très très sûr de soi pour épouser une femme que l'on trouve sublime alors que l'on ne se trouve pas sublime. Je suis toujours surpris qu'elle ait posé ses yeux sur moi, j'espère que ça va durer longtemps. J'ai souvent cette pensée-là, de me dire qu'elle aurait pu aller chercher Cary Grant ou un mec qui lui ressemble. Le fait qu'elle m'ait choisi moi est un peu une joie quotidienne. Bien sûr que j'ai l'impression d'avoir épousé la bombe du lycée.

Qu'est-ce qui vous a plu l'un chez l'autre ?
P.L. : J'ai d'abord été ébahi par son physique. Dire le contraire serait un mensonge. Mais, bien souvent, les hommes choisissent une femme pour son physique et après on reste avec elle pour toutes les qualités qu'elle a. Ce serait très très long de vous dire toutes ces raisons.
V.D. : Je ne saurais pas dire. C'est juste parce que c'était lui. C'était une évidence, un coup de foudre. Je ne l'ai pas intellectualisé. Je savais. En ce qui me concerne, c'était une certitude.

En couple ou entre amis, comment vous gérez de travailler tous ensemble ? Ça ne doit pas être évident.
V.D. : Au contraire, c'est plus simple. C'est plus court, c'est-à-dire que, quand il y en a un qui nous fait chier, on ne va pas prendre de gants. On le dit, point. On s'engueule fort, mais on s'aime fort. On est des gros bosseurs et on n'y va pas par quatre chemins, donc on gagne du temps finalement.

On ne vous voit pas énormément, c'est un choix ?
P.L. : Oui. On va là où on a envie d'aller. Les gens savent qu'on est en couple, on n'intéresse plus la presse people depuis longtemps, tant mieux. On n'est pas très mondain. On n'est pas réfractaire, il n'y a pas de calcul derrière ça. On est à la cool. Si on a envie d'aller faire les cons chez Arthur, on y va, c'est un copain ou chez Hanouna. Maintenant, on n'a pas forcément envie d'aller gagner des téléphones en allant à une soirée. Je trouve que si on a envie d'un téléphone, on a la chance de pouvoir se l'offrir. On évite d'aller dans des trucs où on trouve ridicule d'aller.
V.D. : C'est surtout que chacun a ses plaisirs. Si on avait 20 ans aujourd'hui, peut-être que oui.
P.L. : C'est-à-dire que si on a le choix d'aller à une soirée de lancement de voiture ou passer la soirée avec nos enfants, on va passer la soirée avec nos enfants ou des potes. On est très potes. On a une espèce de maison qui est la maison du bonheur. On est à la campagne, on a des copains qui viennent. On vit en bande. C'est la vie qu'on aime bien.

Dans le film et dans la vie, vous êtes la seule fille de la bande, ça vous fait plait ?
V.D. : C'est un statut que j'aime beaucoup. Je suis le quatrième pote de l'histoire .Je ne suis pas très fifille dans la vie et donc, être entourée de garçons n'est pas un truc qui m'angoisse ou qui me fait peur. Voilà, on est quatre potes, presque sans sexe. Être la seule fille dans un film est assez valorisant.