Gérard Lanvin : "Peyrac et moi, on pense pareil"

Sincère, simple, volubile, passionné... C'est avec enthousiasme que Gérard Lanvin nous parle de son rôle dans "Angélique, marquise des anges", dans lequel il reprend le rôle de Joffrey de Peyrac. Rencontre.

À 63 ans, le charismatique Gérard Lanvin se glisse dans le costume du comte Joffrey de Peyrac dans Angélique, marquise des anges. Aux côtés de Nora Arzeneder, qui interprète la belle Angélique, il campe un personnage balafré, boiteux, jalousé mais surtout amoureux. 

En 1977, c'est une comédie historique, Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine, qui vous avait offert votre premier rôle au cinéma. Depuis, on ne vous a plu vu dans des films d'époque. Un choix ?
Gérard Lanvin : non c'est simplement qu'on ne m'a plus donné la possibilité de le faire. Et pourtant, à l'époque j'avais 40 ans,  je faisais beaucoup de cheval... Alors, j'ai abandonné l'idée de jouer dans un film d'époque. Je n'imaginais même pas une demi seconde qu'on puisse me proposer un tel rôle.

Jusqu'à ce qu'Ariel Zeitoun vous propose le rôle de Joffrey de Peyrac ?
Il m'en a parlé alors que je sortais du tournage des Lyonnais. J'ai lu le scénario que j'ai trouvé très bien écrit. J'avais quand même des doutes et en retournant le voir je lui ai demandé s'il ne me trouvait un peu vieux sachant que la mémoire collective avait le souvenir de Michèle Mercier et de Robert Hossein, qui avaient le même âge. Il m'a alors expliqué qu'il avait une interprétation plus fidèle du roman d'Anne et Serge Golon, dans lequel cet homme est effectivement beaucoup plus vieux.

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Image du film "Angélique, marquise des anges", en salle le 18 décembre. © EuropaCorp Distribution

Qu'est-ce qui vous plait chez Joffrey de Peyrac ?
C'est un handicapé, un balafré, un défiguré... Mais en même temps, ce type est tellement fort, tellement puissant. C'est un aventurier, un rebelle. Il a fait le tour du monde, ce n'était pas rien à l'époque ! Le roi l'admire et est subjugué par sa puissance mais en même temps Peyrac est étranger au système de la cour. 

Un personnage qui vous ressemble ?
Il a des qualités qui m'interpellent. Il a le sens de l'honneur, il a du respect pour les autres. C'est quelqu'un de riche au niveau des émotions. Depuis petit il se méfie de la religion. J'ai l'impression qu'on pense pareil.
Et puis c'est un homme, qui est prêt à tout pour protéger la femme qu'il aime, tout au long de son existence. Moi cela fait plus de 37 ans que je suis avec la même femme, j'ai fondé une famille avec elle. Je pense que ce sont les femmes qui fabriquent les hommes.

Est-ce que cette histoire peut encore parler aujourd'hui ?
Oui, on est dans un film d'aujourd'hui car on parle des mêmes choses. L'homme a tout transformé, sauf l'homme. On s'aperçoit qu'on a exactement les mêmes histoires. Une belle histoire d'amour ça rend jaloux les gens, ça les inquiète... Comment peut-on aimer un homme aussi vieillissant. Et pourtant...

Et quelles sont les femmes qui se reconnaîtront dans Angélique ?
C'est un film à la gloire des femmes. Peyrac est plus séduit par la personnalité d'Angélique, même s'il est bien sûr interpellé par sa beauté. Comme elle n'en joue pas, ce n'est pas ce qui ressort le plus d'elle. Il est charmé par son esprit d'indépendance et sa force naturelle. Elle ne ressemble pas aux autres femmes qu'il a l'habitude de côtoyer... S'y reconnaîtront les femmes qui le veulent. Pas les "Nabila". Celles qui pensent. Celles qui ont un désir de romanesque et qui viendront voir ce film pour constater qu'il ne suffit pas d'être beau, mais qu'il faut aussi être quelqu'un pour plaire.