Gaspard Ulliel : le virage Saint Laurent

Gaspard Ulliel est sur le devant de la scène pour son interprétation précise, géniale, du couturier français dans "Saint Laurent", en salles le 24 septembre. Un rôle en guise de tournant pour l'acteur parisien, qui s'est livré au Journal des Femmes.

Depuis quelques semaines, le nom de Gaspard Ulliel est sur toutes les lèvres, dans tous les journaux, sur tous les écrans. "Bluffant" pour certains, "stupéfiant" pour d'autres, l'acteur a conquis la sphère médiatique avec son rôle dans Saint Laurent, en salles le 24 septembre. A raison. Du haut de ses presque 30 ans, Gaspard Ulliel livre une prestation sans faille dans le dernier film de Bertrand Bonello.
Son travail en profondeur se ressent jusque dans les moindres détails : la voix, la posture, les gestes, les expressions du visage... Le comédien brouille les pistes. Pris par le vertige de la réalisation, on ne sait plus trop si on contemple Gaspard Saint Laurent, Yves Ulliel ou un savant mélange des deux.
Peut-être parce que le Parisien connaît bien l'univers de la mode : coïncidence, ses deux parents sont stylistes. En plus de son attirance pour l'art et le dessin (il esquisse lui-même les croquis du créateur dans Saint Laurent), l'acteur leur doit son début de carrière.

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Gaspard Ulliel en Yves Saint Laurent © 2014 MANDARIN CINEMA - EUROPACORP - ORANGE STUDIO - ARTE FRANCE CINEMA - SCOPE PICTURES / CAROLE BETHUEL

A 11 ans, une amie de sa mère lui propose d'intégrer l'agence de comédiens qu'elle vient de lancer. Gaspard Ulliel accepte et se retrouve à jouer dans un téléfilm, avant d'être repéré par Michel Blanc, qui lui offre un rôle dans Embrassez qui vous voudrez en 2002. Une réussite : le jeune garçon est nommé pour le César du Meilleur espoir masculin et décroche le Prix Lumière de la même catégorie.
Par la suite, Gaspard Ulliel s'abonne aux films d'auteurs (Les Egarés d'André Téchiné en 2003, Paris, je t'aime de Gus Van Sant en 2006, La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier en 2010), mais apparaît aussi dans de grosses productions. La même année, le public le découvre en cannibale dans Hannibal Lecter : les Origines du Mal et en orphelin dans Jacquou le Croquant. Entre les deux, on se souvient de lui en Manech au côté d'Audrey Tautou dans Un long dimanche de fiançailles. Rôle qui lui a valu de remporter, cette fois, le César du Meilleur Espoir masculin en 2005.
Depuis quelques années, l'acteur se fait rare sur grand écran. Son contrat d'égérie pour le parfum Bleu de Chanel, il le dit lui-même, lui a apporté un certain confort financier et le luxe de pouvoir sélectionner ses apparitions au cinéma.

Malgré ses dix ans de carrière, Gaspard Ulliel en est conscient : on ne lui a jamais proposé de rôle comme Saint Laurent. A l'aube de ses 30 ans, il fait le lien avec une certaine maturité et peut-être un peu de destiné ? Car Gus Van Sant, avec qui il a tourné Paris, je t'aime, avait déjà pensé à lui pour interpréter le couturier, avant que le projet ne soit avorté. Tant mieux, finalement, car à admirer la prestation de Gaspard Ulliel pour Bertrand Bonello, on se dit que ce film n'aurait pas pu se faire sans lui. Sans sa prestance, sans ce timide mystère qui émane de lui. Le Journal des Femmes a d'ailleurs essayé de percer l'acteur à jour. S'il était un livre, un vêtement, un mot ? Ou une femme ? Gaspard Ulliel nous répond et se livre, visiblement amusé par l'exercice.

Regardez le portrait chinois de Gaspard Ulliel :

"Saint Laurent : portrait chinois de Gaspard Ulliel"