Elections européennes : quand Noah et le FN se font front

Interrogé par le JDD à l'occasion de la sortie de son dixième opus, le chanteur est revenu sur le score du FN au lendemain des élections européennes. Un résultat qu'il vit comme une insulte.

 "Je ne trouve aucune circonstance atténuante, aucune excuse au fait de voter pour le FN", a affirmé au JDD Yannick Noah. Et d'ajouter : "Je ne peux avoir d'empathie pour une personne raciste, homophobe ou antisémite. Si tu es raciste, tu m'insultes". Des propos qui font écho à l'interview que le chanteur a accordée à BFMTV à l'occasion de la sortie de son nouvel album, au lendemain des élections européennes. Sur l'extrait de la vidéo diffusée sur le site de la chaîne, on y découvre un Noah déconfit, la mine triste "Je me sens insulté, déchiré et j'ai un peu honte quand mes amis m'appellent d'autres pays en me disant 'qu'est ce qui se passe chez vous? ". La déception du chanteur est d'autant plus palpable qu'il avait tiré la sonnette d'alarme trois semaines avant les élections européennes avec sa chanson "Ma colère". Le titre exprime ses inquiétudes face à la montée du Front national : "Ma colère n'est pas un Front. Elle n'est pas nationale. Car ma colère a tout l'honneur de combattre la leur". Une colère qui lui avait valu celle de Marine Le Pen. La présidente frontiste avait qualifié le titre de "musique d'ascenseur" et s'était montrée sceptique sur le fait qu'il fasse "beaucoup de ventes". "Je trouve que les paroles sont assez mauvaises", avait-t-elle renchéri en marge d'un déplacement à Angers.
Perdu. Que ce soit sur BFMTV sur laquelle il a déclaré "(...) qu'est-ce que je peux faire de plus" et dans les colonnes du JDD où il reconnait qu'il "ne fera pas reculer le vote pour le Front" le chanteur parait désabusé. Une déception qu'il partage également à propos de sa relation avec le polémiste Dieudonné. "Dieudonné est un ami, je connais ses enfants, sa case au Cameroun n'est pas loin de la mienne", déclare-t-il au JDD, avant de préciser aussitôt : "Mais il m'a perdu, je le lâche. Je ne cautionne ni son discours, ni ses amitiés, notamment avec Alain Soral". 
Fin de partie ? Cet entretien accordé au JDD fera-t-il réagir le parti frontiste ? Dès la diffusion de l'interview du chanteur sur BFMTV, Julien Rochedy, directeur du Front National de la Jeunesse, a profité de sa présence à l'émission Le Grand Direct des médias de Jean-Marc Morandini sur Europe 1 pour  répliquer. Le qualifiant de "bobo" qui menace de "quitter la France à chaque que quelque chose ne lui plait pas" , Julien Rochedy lui a suggéré "de dire que, si le Front National gagne la prochaine fois, il arrête de chanter". "Ça nous fera gagner au moins 10% !"a-t-il ironisé. Florian Philippot a également réagi sur le plateau d'I-Télé jeudi matin. Le vice-président du FN l'a taxé d'appartenir à une "caste ultra friquée", qui "souvent n'habite plus en France" et qui "donne des leçons aux Français". Pas sûr que Yannick Noah apprécie l'attaque (de plus). Ses relations avec le parti frontiste sont loin d'être amicales. Traité "d'exilé fiscal" qui a "planqué son argent à l'étranger" en mars 2012 par la présidente du parti frontiste, l'ancien tennisman avait déposé plainte en diffamation contre la fille de Jean-Marie Le Pen. Un match que le chanteur, qui réclamait 50.000 euros de dommages et intérêts, a finalement perdu.