Hommage à Michel Delpech

Après 50 ans de carrière, 200 refrains nostalgiques dont des tubes entrés au patrimoine, Michel Delpech a rendu son dernier souffle, vaincu par ce satané crabe qu'il combattait depuis trois ans.
Né le 26 janvier 1946 à Courbevoie dans une famille modeste, "douce et simple" selon ses mots, Michel Delpech sort à 18 ans un premier 45 tours, "Anatole", chez Vogue. Puis très vite, son premier hit "Chez Laurette", en 1965. L'impresario de Mireille Mathieu, Johnny Stark, prend alors sous son aile ce crooner à cheveux longs et rouflaquettes. C'est la gloire.
Les succès 
de ce contemporain de Julien Clerc et Michel Fugain ne sont pas que des bluettes.Michel Delpech chronique avec finesse et voix douce les seventies, de la nouvelle conception de la famille à l'exode rural en passant par l'écologie, avec "Pour un flirt", "Les divorcés", "Le Loir-et-Cher", "Le chasseur", "Wight is Wight"… A la ville, ce brun ténébreux au sourire charmeur vit à fond la devise de l'époque: "sexe, drogue et rock & roll", dépense l'argent sans compter, consomme des substances illicites et multiplie les conquêtes.

"Je collais à une image qu'on m'imposait: le prince charmant, le chanteur pour filles avec ses chemises à pois. J'avais en moi un mélange d'orgueil et d'arrogance mais aussi de pureté qui pouvait être touchant. Avec le temps, je me suis aperçu que je n'avais pas eu de vie", confiera-t-il à France-Soir.

En 1978, sa femme lui annonce qu'elle part en Polynésie, lui laissant la garde de leurs deux enfants. La chute est brutale. L'artiste sombre dans une longue dépression, se tourne vers l'hindouisme, consulte des voyantes, passe par la psychanalyse, lit les Ecritures… Une traversée du désert qu'il retrace dans son autobiographie "L'homme qui avait construit sa maison sur le sable" (1993). Le cauchemar s'achève grâce à sa rencontre en 1992 avec Geneviève, qu'il épouse et qui l'aide à retrouver le chemin de la scène... Des rêves de musique qu'une tumeur de la langue et de la gorge brise en 2013.