Lenny Kravitz, sainte rockstar

Lenny Kravitz nous a accordé quelques précieuses minutes, nécessaires pour percer le mystère de celui qui se cache derrière des lunettes noires depuis des années. Verdict : l'auteur de "Fly Away" n'est pas celui que l'on croit. Interview d'une superstar qui tord le cou aux préjugés.

Le rendez-vous est pris avec Lenny Kravitz dans un établissement du XVIème arrondissement de Paris, non loin de l'hôtel particulier où le chanteur a élu domicile.
Le New-Yorkais, en avance, nous attend une tasse de thé à la main, sans ses mythiques lunettes de soleil, attirail pourtant incontournable de sa panoplie de rocker. Chemise en jean largement ouverte sur des bijoux en or, l'artiste, qui se dit instinctif, nous parle calmement de Strut, son album qui ressort en édition spéciale, de sa carrière, de Paris et de ce qui le fait vibrer.
A la fin de l'entretien, l'homme aux 38 millions d'albums vendus nous remercie, nous souhaite de passer une agréable soirée et nous gratifie d'un sourire désarmant. Il quitte les lieux, deux bouteilles d'eau sous le bras. Qui a dit que les rockstars étaient des divas ?

Lenny Kravitz © Mathieu Bitton

Le Journal des Femmes : Vous avez écrit Strut pendant le tournage d'Hunger Games : l'Embrasement. Le cinéma vous inspire ?
Lenny Kravitz : Cet album m'est venu sans que je ne m'y attende, je n'avais rien prévu. J'ai commencé à entendre cette musique sur le tournage, il a fallu que je lui donne vie. Je suis resté éveillé pendant 2 semaines. Je passais mes journées sur le film et mes nuits sur la musique.

Pourquoi "strut", qui signifie "une démarche fière" ?
J'ai voulu encourager les gens à se tenir debout, à avoir confiance en eux. Nous sommes tous différents, beaux à notre manière. Il faut en être fiers.

Etait-ce aussi un moyen d'en révéler plus sur vous ?
J'écris ce qui me vient. Ces chansons expriment un ressenti. La musique a ce pouvoir exceptionnel : beaucoup de gens interprètent ce que j'écris pour moi et s'identifient. Ça devient une partie de leur histoire.

C'est pour ressentir cette osmose que vous vous êtes lancé dans le cinéma ?
J'aime le cinéma parce qu'il ne s'agit pas de moi, mais d'un personnage, de la vision d'un réalisateur. Quand je fais de la musique en studio, je suis essentiellement seul. Je joue des instruments, j'écris, je produis…  C'est très fermé. Sur un film, il y a tellement de monde ! Je sors de ma bulle, je m'efface pour laisser place à mon personnage.

Ce n'est pas déstabilisant de se retrouver sous la direction de quelqu'un quand on a l'habitude de se gérer seul ?
C'est justement ce que j'aime. Je dois sans arrêt me dire quoi faire, je suis tout le temps le boss (sourire). C'est agréable de ne pas être le patron.

Lenny Kravitz sur scène © Mathieu Bitton

Dix albums, plus de 25 ans de carrière... Vous arrive-t-il de regarder en arrière ?
Parfois, mais j'en profite pour apprendre plutôt que regretter. Inutile de se lamenter, ce qui est fait est fait. Le passé me sert à aller de l'avant.

Vous êtes également photographe. D'où vous vient cette passion ?
J'adore capturer l'instant. J'ai toujours aimé ça, mais j'ai voulu attendre, regarder les pros, observer ceux qui me prenaient en photo, traîner avec des photographes, avant de me lancer. J'ai designé un appareil photo pour Leica, fait ma première expo, mon premier livre... C'est fun.

Vos clips sont aussi très esthétiques, vous faites du design… La beauté, c'est important ?
Oui, j'aime la beauté et je la vois partout. Ça pourrait être une de mes forces.

Vous vivez à Paris. Comment vous sentez-vous ici ?
Je me sens à l'aise, chez moi. Il y a 10 ans, quand j'ai acheté ma maison, je me disais "Wahou je vis en France, c'est si exotique, si différent". J'aime toujours autant, mais ça ne me semble plus étranger, c'est devenu naturel, normal.

Vous parlez français ?
Je le comprends mieux que je ne le parle. Tout le monde s'adresse à moi en anglais ici, c'est horrible ! Ça ne m'aide pas à progresser, mais je vais y arriver.

On a l'impression que vous savez tout faire : de la musique, du cinéma, de la photo, du design... Y a-t-il un domaine qui vous résiste ?
Le basketball (sourire). Je n'y ai jamais joué petit. Difficile d'être bon quand on ne s'est jamais entraîné. Ou alors je n'ai tout simplement pas d'aptitude naturelle pour ce sport...

J'allais vous demander pourquoi vous portez toujours vos lunettes de soleil, mais vous ne les avez pas…
Je peux les mettre si vous préférez (rire). Vous voyez, on ne sait jamais ! Je me sens à l'aise avec, c'est devenu une habitude, mais vous pouvez donc dire à tout le monde que je ne les porte pas toujours (sourire).

Quels clichés sont vrais sur les rockstars ?
Sex, drogue et rock'n'roll ? Tout le monde fait ça maintenant ! Avocats, docteurs… Chacun est une rockstar dans son propre monde. Ma vie est moins clichée que vous ne l'imaginez. La preuve avec les lunettes (sourire).

 

Strut, Special Edition
Avec 4 titres bonus dont 2 inédits
Disponible depuis le 8 juin

Lenny Kravitz sera en tournée dans toute la France à partir du 30 juin.