Joe Cocker est mort et l’on a le blues

"Libère mon cœur bébé, oh s'il-te-plaît laisse-moi partir", chantait-il de sa voix rauque et grave… Le crooner britannique Joe Cocker nous a quittés. Il a succombé à un cancer du poumon à l'âge de 70 ans.

"Un incroyable talent, une vraie star, mais aussi un homme bon et humble qui adorait se produire en concert", s’est ému son agent à Londres. Légende du Rock et de la Soul, né à Sheffield, une ville industrielle du Royaume-Uni, Joe Cocker combattait ce satané crabe depuis des années. Il est décédé dimanche soir à Crawford, dans le Colorado, où il avait créé, avec sa femme une association pour venir en aide à la jeunesse locale.

Fumeur invétéré au timbre rocailleux, Joe Cocker a débuté sa carrière dans des pubs du nord de l'Angleterre dans les années 1960, en reprenant des chansons de la Motown. Il est devenu une vedette pop lorsqu’il a interprété de façon éblouissante une chanson des Beatles, "With a Little Help From My Friends", en 1968. Transfiguré en air gospel, le morceau a connu un succès immense. Réussite commerciale puis état de grâce lorsque notre garçon dégingandé a entonné de façon magistrale sa reprise du festival de Woodstock en août 1969.

Pote de McCartney, de Ringo Starr et de Steven Tyler, chaleureux et sans chichis, Joe Cocker avait aussi sa part d'ombre. Il était revenu en interviews sur les folles années qui l'avaient vu "plonger la tête la première" dans la drogue et l'alcool. Parti en tournée en 1970, la bête de scène, toujours au bord du gouffre, avait sombré dans les problèmes financiers et la toxicomanie.

Un ovni dans le showbiz. Ses bras ballants, ses contorsions et son visage grimaçant l’ont empêché d’accéder au statut glamour de sex-symbol. Débraillé, une éternelle barbe de trois jours, le crâne prématurément dégarni, Joe Cocker n'a jamais défrayé la chronique par ses frasques ou ses histoires d’amour tourmentées à l'inverse d'un Mick Jagger ou d’un John Lennon. Pas un photo de lui une femme pendue à son bras: le gaillard aimait la nature, l’isolement et Pam, son épouse depuis 20 ans.

Injustice. Ni son talent, ni ses hits  (23 albums en studio et des tubes comme You are so beautiful, Unchain my heart et You can leave your hat on, qui accompagne le strip-tease torride de Kim Basinger dans 9 semaines ½ ou encore le classique de Ray Charles, Night Calls) n’ont permis à Joe Cocker d'entrer au Panthéon des stars, le Rock and Roll Hall of Fame...
Mais quelle intensité ! Amoureux de la musique, Joe Cocker avait dit à une journaliste d’Associated Press qu’il jouait du piano et de la guitare dans sa tête face au micro, en regrettant : "C’est si frustrant de ne pas être capable de vraiment jouer (d’un instrument)".

La famille a prévu des obsèques privées. Les fans pleurent leur idole. Adieu Joe Cocker…