Naomi Watts, le feu sous la glace

A l'affiche du très réussi DEMOLITION, Naomi Watts compose un personnage sensible, sincère et attachant. Blondeur et distinction des héroïnes hitchcockiennes, regard océan, filmographie exemplaire (et absence des gossip), cette sublime quadra a tout pour plaire. Portrait.

Naomi Watts, le feu sous la glace
© Sipa

Dans le nouveau film de Jean-Marc Vallée, DEMOLITION, en salles le 6 avril, Naomi Watts incarne Karen, une mère célibataire, conseillère après-vente inconsolable, qui va se reconstruire auprès du très dispersé Jake Gyllenhall.
Muse de Woody Allen, icône d'Iñárritu et de David Lynch, Barbie du blockbuster King Kong et assistante de choc et de charme de J.Edgar Hoover dans le biopic que lui a consacré Clint Eastwood, Naomi Watts, 47 ans, est selon Forbes la vedette "la plus rentable du cinéma". Une fille lucide, intelligente et bosseuse qui joue le jeu de la célébrité. Assume strass et paillettes avec professionnalisme. Se transforme, si nécessaire, en créature ultraglamour. Pourtant...

Naomi Watts © Sipa

L'impossible Hollywood 

Fille de Peter Watts, tourneur et ingénieur du son des Pink Floyd et de la hippie Myfanwy, décoratrice d'intérieur, Naomi a sept ans lorsque son père décède d'une overdose. La famille, orpheline et fauchée, déménage du Kent vers l'île d'Anglesey au large du Pays de Galles. Ronde des amants, des services sociaux et des menaces de placement : la mère finit par emmener sa petite tribu en Australie, "terre des opportunités", en 1982. A Sydney, la petite exilée sympathise avec la liane Nicole Kidman, autre ado recalée d'une pub en bikini.
Les deux poupées au teint de porcelaine connaissent des trajectoires différentes. La rousse flamboyante cavale vers la gloire au bras du sex-symbol Tom Cruise. La jolie blondinette ne croit pas "au prince charmant et son cheval blanc", se cherche dans le mannequinat, l'édition, avant de courir les auditions. Sans succès.
Car si aujourd'hui, Naomi Watts est une poule aux œufs d'or pour l'industrie du 7e Art, capable de s'attaquer avec brio aux "Oiseaux", elle n'a pas toujours roucoulé à l'oreille des réalisateurs. Pendant dix ans, les agents bâillent aux corneilles pendant ses castings. Désespérée, la demoiselle s'enferme dans sa voiture, met de la musique, et sanglote. De cette époque, elle gardera la larme facile, une manie de pleurer pour tout et pour rien... Et une passion pour David Bowie !

Mulholland Drive : son eldorado

Quand David Lynch l'appelle, La Watts traîne son spleen et une réputation de débutante névrosée. Son palmarès ? Une voix off dans Babe, le Cochon dans la Ville, l'opus n°2, même pas l'original. C'est justement son amertume envers le monde du showbiz qui séduit le génie sombre et halluciné de Blue Velvet. La fraîche et candide jeune première devient une créature étonnement sexuelle et fatale. Naomi Watts tient sa revanche. Pour le public et la critique, c'est le déclic.
Depuis ce rôle clé, elle est surnommée, "la Sharon Stone qui a du goût". Pas un faux pas, pas un caprice de diva, pas un navet alimentaire, n'est venu entacher sa carrière (sauf peut-être son incarnation de la Princesse Diana...). Esprit d'analyse, corps qui synthétise fantasme masculin et identification féminine, la fluette British sublime les drames (21 Grammes, Les Promesses de l'Ombre, Perfect Mothers ), s'illustre avec subtilité dans les remakes (The Ring, Funny Games), comme dans les productions plus ambitieuses ( la saga Divergente ou Nos Souvenirs, de Gus Van Sant). Radieuse, Naomi Watts mène sa carrière avec discipline et ténacité, interprète et productrice, sans être esclave du box-office. 

Amours sincères

Côté privé, elle rompt en 2004 avec Heath Ledger qu'elle dit avoir aimé "à la folie". Fiancée à l'acteur Liv Schreiber (colosse rencontré sur le tournage du "Voile des illusions" en 2005), heureuse maman de Sasha (8 ans) et Samuel Kai (7 ans), cette mini-vamp (1m60) savoure avec délectation son anonymat relatif. Adepte du bio, végétarienne par "amour de animaux", Naomi Watts ne fait pas de sport à outrance. Elle n'est ni une diva ni une star capricieuse. Non, entre deux tournages, elle collabore au programme de l'ONU contre le Sida et écrit son premier livre. Une femme complète, une vraie vedette !

Naomi Watts dans DEMOLITION, en salles le 6 avril © 20th Century Fox