Laetitia Casta, Yvan Attal, François Cluzet : "La comédie, c'est un moyen pour ne pas aborder les choses frontalement" "On a tous, à un moment, envie de dire la vérité à l'autre"

avec asia argento et charlotte gainsbourg
Avec Asia Argento et Charlotte Gainsbourg © Roger Do Minh / UGC

Pour justifier ce projet, le personnage de François Cluzet (Jeff) insiste sur le fait que l'art consiste à aller vers ce qui nous fait peur, à dépasser nos limites. Est-ce une conception que vous partagez avec lui ?
François Cluzet : Notre vie à nous, si tant est qu'on soit des artistes, c'est une aventure. Et pour s'aventurer, il faut bien aller vers des terrains qu'on ne connaît pas, donc il y a ce goût-là de partir vers l'inconnu. Dans le film, j'ai une sorte de costume de baroudeur et j'emmène le personnage d'Yvan, qui s'est embourgeoisé, vers l'aventure en arguant que s'il ne veut pas me suivre, alors c'est qu'il est casé. Je lui dis d'ailleurs : "Tu as une belle femme, une belle maison, tu projettes de faire un enfant... Grosso modo : viens avec moi, t'as pris un coup de vieux ou quoi". C'est surtout le fait que s'il peut le récupérer comme ami, comme complice, alors mon personnage va se sentir moins isolé parce que le choc est réel quand il débarque dans cette maison.
Laetitia Casta : J'ai l'impression que c'est un peu plus ambigu que ça. Il y a de la fragilité dans ton personnage. Est-ce qu'il n'a pas envie d'avoir une vie comme ça ? Des peurs aussi ?
François Cluzet : C'est un peu ce que je cherchais à dire. Ils ont ce qu'il n'a pas. C'est pour ça que j'aime bien cette fin, parce qu'on voit le personnage d'Yvan dire : "Je vais finir mes conneries, il faut que je rentre". Et mon personnage à moi sait qu'il n'a personne à retrouver.
Yvan Attal : C'est cela qui est émouvant, à ce moment-là de sa vie. Après c'est ouvert. Quand il claque cette porte, on se demande où il va. Quelle direction il va prendre ?
François Cluzet : Et je crois que tous ceux qui ont des amis échangeraient bien tous leurs amis contre l'amour. Finalement, le personnage d'Yvan part construire sa vie avec sa femme et, s'il y avait une suite, on verrait bien comment mon personnage erre de place en place dans ce célibat. D'ailleurs, Yvan avait réfléchi à ça. Cela nécessitait alors pratiquement un autre film.
Yvan Attal : Par ailleurs, face à ce moment où on a l'impression que l'autre vous échappe, il y a deux manières de réagir. Ou alors on ne supporte pas, on se dit qu'on l'a perdu et on abandonne d'une certaine façon. Ou, au contraire, on se confronte réellement en laissant l'autre aller vers son désir. C'est aussi une manière très prétentieuse de se challenger. Elle lui dit : "Si tu as envie qu'on vive quelque chose ensemble, alors il faut que tu en sois sûr, donc il faut que tu vives cette histoire là-bas." Je pense que c'est ça qui est intéressant sur le couple. Jusqu'où on va dans le respect de l'autre et même dans l'amour de soi au sein du couple, c'est-à-dire comment on peut se voir comme quelqu'un qui serait l'unique personne.

juste une mise au point
Juste une mise au point © Roger Do Minh / UGC

Laetitia, vous avez donc une très belle scène de monologue dans le film où votre personnage confie un évènement très intime à son compagnon. Comment avez-vous envisagé cette scène clé avant et pendant le tournage ?
Laetitia Casta : Il fallait que ce soit sincère, donc je me suis projetée moi dans ce que j'ai pu vivre et ce que j'aurais aimé à un moment donné... Parce qu'on a tous, à un moment, envie de dire la vérité à l'autre, d'être vrai, honnête. C'est difficile parfois ces doutes, ces ambiguïtés, mais on ne peut pas en parler à l'autre parce qu'on a toujours peur de le perdre. Donc je trouvais ça génial de faire une scène où, tout d'un coup, on se livre totalement. C'est une sorte de fantasme en fait.
Yvan Attal : Souvent, il y a des scènes comme ça dans les films. C'est évident que ça nous fait du bien de dire les choses.

Travailler sur un remake entraîne-t-il des contraintes particulières ?
Yvan Attal : De répondre à cette question que nous posent tous les journalistes... Non, il n'y a aucune contrainte. C'est comme le fait d'adapter un livre. Le roman devient votre film et vous en faites ce que vous en faites. J'espère bien que ce film est le mien !

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