Laetitia Casta, Yvan Attal, François Cluzet : "La comédie, c'est un moyen pour ne pas aborder les choses frontalement" "Il n'y avait pas une volonté particulière de lever un tabou sur la sexualité"

vont-ils passer à l'acte ?
Vont-ils passer à l'acte ? © Roger Do Minh / UGC

Le thème de "Do Not Disturb" peut sembler scabreux au premier abord, puisqu'il s'agit de deux amis hétéros qui se lancent le défi de tourner un film érotique gay, ce qui va remettre en cause le couple de l'un d'entre eux. Avez-vous l'impression de lever un tabou en abordant ainsi la sexualité à l'écran ?
Yvan Attal : Je n'ai pas l'impression de lever un tabou ancré dans la société, mais c'est amusant d'en parler au cinéma. Surtout sur le ton de la comédie parce que ça reste une façon légère de parler de certaines choses qui nous engluent. On va faire comme un cadavre exquis : j'en dis un bout, Laetitia Casta continue, François Cluzet finit et inversement. Ok ? Donc voilà, je m'arrête là... (Rires)
Laetitia Casta : Je n'ai pas écouté en fait...
Yvan Attal : Ah ben voilà ! Je n'ai pas l'impression d'être un provocateur. Je ne me suis pas dit : "je vais parler d'une chose taboue". C'est un des sujets du film et ça m'amusait. Ça ne me gênait pas de tourner un peu autour de ça, mais il n'y avait pas une volonté particulière de faire un film pour lever un tabou sur la sexualité.
Laetitia Casta : Le film explore plus le trouble, l'ambigüité, le fait de ne pas savoir où on en est, les changements... Ah, vous m'impressionnez tous les deux à me regarder comme ça. Moi, j'ai l'impression que le film parle de la vie de tous les jours. (S'adressant à Yvan Attal) Mais arrête, t'es chiant !
Yvan Attal : C'est dingue Laetitia, je n'ai absolument rien fait. Je t'écoute ! (Rires)
François Cluzet : Ce qui est drôle aussi, c'est que la plupart des hommes refusent de voir chez eux un peu de féminité. Pour un homme, on est 100% homme ou 100% femme, et évidemment ce qui est intéressant, c'est la comédie face à ça. Parce qu'on est des composants, on a tous une part de féminité et les femmes ont toutes une part de virilité. C'est un sujet qui n'est peut-être pas tabou, mais en tout cas dans lequel les hommes ne s'aventurent pas. Faire une comédie sur cette relation amicale qui pourrait devenir une relation amoureuse, et est-ce qu'elle va le devenir, c'est un peu ça le sujet du film.

Justement, n'avez-vous pas peur que le film se résume pour une partie du public à la question : Ben (Yvan Attal) et Jeff (François Cluzet) vont-ils finir par coucher ensemble ?

François Cluzet : Les gens qui auront vu le film ne pourront pas le résumer ainsi. Ils le feront s'ils ne l'ont pas vu et, dans ce cas, il faut qu'ils aillent le voir pour avoir la réponse. Nous, on a voulu faire, et Yvan plus personnellement du côté de la mise en scène, une comédie où on s'amuse. Alors on s'amuse avec un sujet que vous qualifiez vous-mêmes de scabreux. Moi, je ne le trouve pas scabreux, plutôt audacieux, un peu poil à gratter. Bon, ce n'est peut-être pas consensuel. Si on fait un sondage en demandant quel thème les gens préfèrent voir au cinéma, pas sûr que celui-ci arrive en premier. Mais c'était surtout un terrain de comédie formidable. Finalement, ces deux hommes l'un en face de l'autre en slip se posent la question de comment ils vont y arriver. Puis, ça s'éternise. Il y a toujours des questions qui surgissent. Il y a une part de clown là-dedans. "On va passer à l'acte. Oui, mais attends, avant je vais me laver les dents. Alors, attends, moi je vais..."
Yvan Attal : Le film s'adresse à beaucoup de gens en réalité. Il y a plusieurs lectures. On peut aller chercher ce côté-là, de la pure comédie, une idée un peu délirante. Et puis il y a d'autres thèmes traités comme le couple et plein d'autres questions que le film soulève. Avant tout, François a raison, il y a une comédie, un film léger dans lequel on a envie de s'amuser autour de certains thèmes. C'est une manière de parler du couple en le mettant dans un autre contexte. Un homme va remettre en question sa vie d'une façon très particulière, mais en même temps c'est l'occasion de renouer avec certains thèmes que j'ai déjà explorés.

duo contre trio
Duo contre trio © Roger Do Minh / UGC

On a l'impression de vous découvrir tous les trois dans des rôles à contre-emploi puisqu'on vous voit assez rarement jouer des personnages aussi comiques...
Yvan Attal : On nous voit rarement en slip vous voulez dire ! (Rires) Effectivement, on n'est pas identifié comme des acteurs comiques au premier abord. En tout cas pour moi, c'est difficile d'avoir accès à la comédie. C'est un peu pour ça aussi que, lorsque je sors des films que je fais comme acteur, j'ai envie de choses un peu plus légères. En même temps, maintenant comme metteur en scène, je commence à avoir envie aussi d'aborder d'autres sujets. J'espère que les rôles de comédie me seront un peu plus proposés comme acteur pour que je puisse aller réaliser autre chose. C'est aussi ma nature la comédie, je ne peux pas le nier. J'aime bien rigoler. Souvent j'ai envie d'écrire des choses un peu sérieuses et puis ça bifurque. Je pense qu'il faut un grand courage pour aborder les choses sérieusement. La comédie, c'est parfois une manière de respirer autrement, un moyen pour ne pas aborder les choses frontalement.
Laetitia Casta : J'ai lu des comédies, mais ce n'était pas super, super, donc j'ai préféré refuser. C'est aussi un goût personnel par rapport aux choses qui me font rire. Je ne cherche pas spécialement à en tourner davantage. Pour ce film, je trouvais que le scénario était bien écrit, que c'était une comédie grinçante, dérangeante et originale, donc j'ai eu envie de faire partie de ce projet.

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